Particules fines

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Je bat des jambes et je me noie
Dans mes 80 pour-cent d'eau
Je vois des gens, d'autres que moi
Qui ont des ailes dans le dos
Moi dans mon dos, je n'ai que l'ombre
De tes deux ailes envolées
Amoureux je crois que l'on tombe
J'n'ai jamais su me relever
Alors je traîne sous la pluie
Comme un lézard sous le soleil
Pour noyer la mélancolie
Aux gouttes d'eau venues du ciel
Entre amour et désespérance
Dans les méandres du néant
Je n'ai qu'un phare à mon errance
Et je le vise aveuglément
De goutte à goutte, l'océan monte
Jusqu'à mon œil ne reflétant
Que mes échecs et puis la honte
De n'avoir su garder le temps
Garder le temps et puis ta main
Pour griffonner quelques poèmes
Au sablier, figer les grains
Le temps ne glisse quand l'on s'aime
Le temps ne passe aux cœurs battants
Mon cœur à moi ne se bat plus
Soufflé des larmes et du vent
Mon cœur à moi je l'ai perdu
Mais dans le bout de mes dix doigts
Qui ne sont guère plus que des os
Je sens encore battre parfois
Le blanc tambour, dessous ta peau
Quand on avait les cheveux longs
Dieu dans les mots, le diable au corps
Quand on gravait à chaque tronc
Et dans nos bouches plus encore
Là nos espoirs, là nos promesses
Là quand la mort n'existait pas
Nos voeux et nos délicatesses
Sous des étoiles qui filaient droit
On n'avait pas compris alors
Que ces étoiles n'étaient en somme
Que des poussières teintées d'or
Jetées par là, par d'autres Hommes
Hommes vaincus par les années
Et par le creux dans les poitrines
Pot de départ à l'arrivée
Je m'échappe en particules fines

Les Rivières aux PoignetsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant