J'prends le stylo

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J'prends le stylo quand il est tard
Quand la nuit remplace le soir
J'écris des mots rimant un peu
Aux sentiments des amoureux
Aux sentiments qui disent vrai
De nos mensonges endormis
Aux songes d'une nuit d'été
Je préfère le calme à la vie
C'est quand tu dors que tu me manques
C'est quand tu sors que j'reste là
C'est quand tu mords que je me planques
C'est quand j'ai tort que j't'écoute pas
C'est quand t'es là où je suis pas
Que je pense un peu trop à toi
C'est quand je n'entends plus ta voix
Qu'elle me chuchote ces mots là
Si cet écrit ne veut rien dire
Je n'ai plus rien d'autre à t'offrir
Que mon amour et puis bien pire
Des jours meilleurs et des soupirs

J'prends le stylo, j'sais plus vraiment
Ce que je n'ai pas encore dit
Sur l'avenir et les avants
Les souvenirs et la folie
J'parle du monde mais c'est trop grand
J'parle de nous et de personne
Et des secondes dans les cadrans
C'est toujours le temps qui résonne
Fais moi l'amour avant d'partir
Voici la seule vérité
On est tous morts avant d'mourir
Où étions nous avant d'être né ?
Le réel n'est que c'qu'on en fait
Et rien n'a jamais existé
Les couleurs sont une illusion
Elles se mélangent à l'horizon
Entre le ciel et puis la mer
Quand l'endroit ressemble à l'envers
Pourquoi j'écris ce texte là
D'autres l'ont écrit avant moi

J'prends le stylo mais j'ai plus d'encre
J'écris des mots pour faire semblant
Comme un bateau qui jette l'ancre
Alors que tout est en mouv'ment
Rien ne sert de nous attacher
On perd son temps à le compter
Perdre son temps c'est le gâcher
Mais que faire d'autre que s'aimer ?
On n'est pas les premiers comme ça
Et on sera pas les derniers
L'amour ici n'est pas un choix
C'est notre façon d'exister
On s'dit qu'on s'aime alors on s'aime
Et ça nous aide à supporter
Les illusions, celles qu'on sème
Pour croire à nos éternités
L'éternité c'est le réel
Mais elle ne compte pas sur nous
Nous sommes des oiseaux sans ailes
On fait c'qu'on peut pour rester d'bout

J'prends le stylo une dernière fois
Au fond je sais pas trop pourquoi
Je m'dis toujours que c'est pour toi
Mais j'crois surtout que c'est pour moi
J'crois que la vie, il faut le dire
Ça sert à rien de se l'écrire
Et que restera t'il de nous
Quand nous serons devenu fous
Car on sait bien c'qui nous attend
Après l'néant vient le néant
On a construit bien trop d'églises
Pour des vérités non admises
Même le monde est de passage
Une poussière d'éternité
Nos vies nous prennent en otage
Et nous obligent à s'demander
Si je suis né, c'est qu'j'étais mort ?
Alors pourrai-je vivre encore ?
Moi je l'emmerde le paradis
Et si la mort, c'était la vie ?

Les Rivières aux PoignetsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant