Les photos sans couleur me ramènent à des jours
Où le noir et le blanc n'existaient pas encore
À des jours éclairés des lumières du Toujours
Et qui brûlent mes yeux d'y avoir cru trop fortJe promène le soir aux sentiers arpentés
Aux sentiers des mémoires aux couleurs argentées
Je promène le ciel et tous ses habitants
Les oiseaux, les étoiles et les prénoms d'avantEt j'entends quelques voix sur des bouts de papier
Sur des bouts d'autrefois, quelques mots envolés
Et je sens sous ma peau les frissons de vos doigts
Qui tenaient le stylo de ces lettres pour moiJe regarde la mer et j'y vois des visages
Perdus depuis longtemps, des visages sans âge
Des visages de vieux qu'étaient moins vieux que moi
Des visages amoureux, des visages de joieUn muret trop petit nous abritait des vents
Le muret est ici, et le vent souffle encore
Me voici accroupi en sandales d'enfant
Le gravier sous mes pieds vaut bien plus que de l'orLes rochers sont les mêmes que ceux-là qu'on grimpait
Et les vagues à la mer continuent de rouler
Je suis seul à vieillir au milieu d'un décor
Où ne font que s'enfuir les morceaux de vos corpsUne main arrachée, un pied déraciné
Vos cheveux envolés en nuages là-haut
Et vos yeux comme l'eau, transparents et troublés
Et vos rires en écho font le chant des oiseauxLe soleil se cache au-delà des souvenirs
Tous les bleus se mélangent, ce n'est plus l'essentiel
Et la mer qui se venge à noyer vos sourires
Pour des siècles sans vous, pour des siècles sans cielJe repense à ces morts, vivant encore ici
Je repense à mes morts et puis je meurs aussi
Nous étions le chemin, là jusqu'à l'océan
Ne lâchez pas ma main, je ne suis qu'un enfant
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Les Rivières aux Poignets
PoetryRecueil de poèmes et chansons Recueil de mots et d'émotions Des textes sombres et lumineux Puisqu'on est tous un peu des deux