Les Rivières aux Poignets

Dans les bars de ma vie

Dans les bars de ma vie, ça respire l'Ocean
Celui que l'on partage avec tous les pays
L'Ocean infini des oiseaux goélands
Qui mélangent leurs plumages, leurs ivresses, leurs soucis

Y'a ces vieux au Bingo qui s'arrachent leurs cheveux
Qu'ont les gueules déchirées, qu'ont l'humain dans les yeux
Ils ont l'odeur rosée mais pas celle du matin
Même pas celle des bouquets, ils ont l'odeur du vin

Dans les bars de ma vie, ça respire l'Ocean
Les marins vieux loups d'mer, dans des rafiots usés
Qu'ont jeté l'ancre ici depuis bien des années
Finissent en solidaires la course contre le temps

Y'a ce mec en costume qui promène son mal-être
Plonge la tête la première dans un verre d'alcool fort
Serre les dents, les paupières, remet son oreillette
Ravale son amertume, disparaît du décor

Dans les bars de ma vie, ça respire l'Ocean
Les marins mal de mer, dans des navires trop grands
Qui n'savent plus comment faire pour atteindre le rivage
Sous des cieux assombris, laissent passer les nuages

Y'a ces jeunes dans le bruit qui partagent leurs demis
Qui roulent une cigarette à l'odeur séduisante
En dessous les casquettes on devine les sourires
De leurs yeux éclaircis des lumières insouciantes

Dans les bars de ma vie, ça respire l'Ocean
Les marins éphémères, dans des barques trop pleines
Qui fixent avec envie l'horizon des géants
Quand ils ferment les paupières, s'imaginent capitaines

Y'a ces gars en fluo qu'on ne peut ignorer
La fatigue dans les yeux dès la fin d'matinée
Viennent cramer en mégots leurs salaires et santés
Viennent clamer en ces lieux leurs colères vérités

Dans les bars de ma vie, ça respire l'Ocean
Les marins de galère, dans des navires guerriers
Galeriens asservis ramant contre le vent
Esclaves d'une nouvelle ère qui mourront enchaînés

Dans les bars de ma vie, ça respire l'Ocean
Ça respire ces odeurs d'arc-en-ciels de tempêtes
Ça sent bon la douceur dans les gestes des enfants
Ça sent comme Paradis dans l'enfer d'une planète