Les Rivières aux Poignets

Printemps de pluie

Quand le coeur laisse un creux aux poitrines vivantes
Qu'il ne bat plus de ceux qui l'avaient dessiné
C'est le monde en entier qui tombe au fond du ventre
Qui déforme à nos yeux les horizons tracés

Le soleil, un instant, semble glacer le ciel
Les oiseaux volent bas et déposent à terre
Quelques plumes tachées d'un rayon de colère
Qui arrache à ces vers les mots qui rimaient d'elle

On ne peut aimer mieux que d'aimer plus que soi
Quand on donne sa vie contre un instant à l'autre
Moi j'ai donné mon nom, me prenant pour un roi
Je n'étais qu'un bouffon plein de mots en grelots

Il ne tient qu'à nos mains de s'unir à nouveau
Faire face aux terreurs des amours abîmées
Se promettre les coeurs en oubliant les mots
Qui les ont fait saigner... Il nous reste à s'aimer

Il nous reste à s'aimer, la vie c'est fait pour ça
Et si je n'aimais plus, je garderais fermer
Mes deux bras à mon torse à former une croix
Et le bout des doigts blancs à ne plus la toucher

On a bâti le monde en plusieurs décennies
Si le monde n'est rien contre un printemps de pluie...
C'est la fragilité qui nous définit tous
Et mon éternité c'est deux enfants qui poussent