Pérégrinations

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Je ne crois pas en ceux qui nous parlent d'après
Regardez dans leurs yeux vous n'verrez que les vôtres
Je ne crois même pas mes propres vérités
Ma vérité n'est que le mensonge d'un autre

Je ne crois pas aux fleurs, aux couleurs inventées
Aux hivers, aux printemps, au nombre des années
Je ne crois qu'en l'instant, comme une éternité
Je ne crois qu'en ces gens qui sont beaux d'exister

Je ne crois pas aux dieux sauf s'ils vivent en nous
Quand on se dit les mots qui ne s'écrivent pas
Quand la lune a la forme du creux de ton bras
Moi j'envoie tous mes vœux dans le ciel à ta joue

Je ne crois qu'en tes mains quand elles tiennent les miennes
Quand elles prennent le pouls des batt'ments de mes peines
Quand elles portent l'anneau sur un doigt de promesses
Quand elles goûtent ma peau comme on goûte à l'ivresse

Mais nos vies ne sont que des dessins sur le sable
Effacés par les vagues du temps inventé
On se rassure en voulant mesurer l'instable
On fait battre nos cœurs aux cadrans des poignets

On voudrait contrôler, prévoir, anticiper
Si l'aiguille tourne encore alors tout ira bien
On n'a jamais le temps qu'on aime tant compter
Si je suis déjà mort, je le saurai demain

Si pour être vivant, il faut vivre caché
Je saurai disparaître quelques milliers d'années
Si j'ai peur de la mort, vous ne m'entendez pas
Je ne crois que les choses que l'on n'explique pas

Mes pensées se diffusent au gré de mes vers
Je crois que j'en abuse et parfois je me perds
Entre ce que je pense et ce que j'aimerais
Et les plaies que je panse et celles que je crée

Si j'écris ces mots là, ils ne sont que pour moi
Et pour ceux qui se posent les mêmes dilemmes
Et si j'étais un autre avant même d'être moi ?
Était-ce déjà toi qui faisais mes poèmes ?

Les Rivières aux PoignetsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant