Quand on s'connecte à nos cinq sens
Ce sont souvent les mêmes odeurs
Celles d'un printemps et de l'enfance
Le bruit, le goût de nos ailleursJe vois un ciel moutonné
Dans le reflet d'une rivière
Et puis les ronds des ricochets
Quand on n'savait pas trop quoi faireOn n'avait pas besoin d'échelle
Pour escalader les collines
Là jusqu'au pied d'une chapelle
Qui n'avait pas tant l'air divineOn j'tait les galets à la mer
Pour éclabousser nos jeunesses
Et réfracter les lumières
En arcs-en-ciel de nos richessesOn envoyait des cartes postales
À tous nos copains préférés
On y collait un peu de sable
Pour partager tous nos étésLa boue peignait le bout des ongles
Quand on courrait dans la forêt
On faisait des concours de jongles
Avec les fruits des châtaigniersEn automne les feuilles tombaient
Pour faire le sol à nos cabanes
Sous un ciel tiède et orangé
Le vent faisait siffler les lianesPour quelques chants d'éternité
En abonn'ment illimité
On pouvait y rester des heures
On avait pas b'soin de DeezerOn s'occupait sans la wifi
Avec nos montres déconnectées
Le temps passait un peu moins vite
On pouvait apprendre à s'aimerOn tombait amoureux des filles
Sans être obligé d'les liker
Et les photos de nos familles
Restaient en haut des cheminéesOn avait pas besoin de prises
Pour recharger nos batteries
Y'avait toujours quelques bêtises
Quelques milliers de jeux gratuitsEt puis l'Hiver on jouait dehors
On fabriquait, les doigts gelés,
Un gros bonhomme en neige d'or
Quand le soleil nous souriaitOn lui mettait une carotte
Avec des trous pour respirer
Et pour éviter qu'il grelotte
On lui croquait le bout du nezEt puis un jour tout a changé
Mais je ne sais plus vraiment quand
On a inventé la 3D
Qui existait déjà avantOn met des cœurs à nos bisous
Aux emojis de nos messages
On ne se chauffe plus les joues
Y a des virus dans les paragesOn s'réunit sur des écrans
Ça nous permet d'moins polluer
On s'déconnecte un peu des gens
Ça nous permet d'mieux travaillerOn a remplacé nos dimanches
Et nos ballades en forêt
Les magasins s'accordent en branche
Ils ouvrent pour nos libertésOn ne met plus un pied dehors
L'été est devenu trop chaud
L'automne a perdu ses couleurs
Ses feuilles sont tombées trop tôtL'hiver est long, la neige noire
Ça coûte trop cher de se chauffer
Tombent les cendres de nos histoires
Le gros bonhomme n'a plus de nezMais on se souhaite les bonnes années
On a arrêté d'les compter
Combien de temps nous reste t'il
Unijambistes sur un filJ'suis pessimiste mais j'ai d'l'espoir
T'as qu'à goûter un peu mes larmes
J'suis optimiste quand vient le soir
Quand le silence tait le vacarmeQuand la nature reprend ses droits
Quand l'Homme retourne à ses ailleurs
Au fond des rêves qui n'en sont pas
Qui n'sont que des échos du coeurAlors je souhaite à mes enfants
Et aux enfants du monde entier
De ralentir un peu le temps
Et de tout faire pour l'inverserY'a plus de cailloux à la mer
Y'a plus de rêves à nos matins
J'vous dit pas qu'c'était mieux hier
J'vous dit que ce s'ra pire demain
VOUS LISEZ
Les Rivières aux Poignets
PoetryRecueil de poèmes et chansons Recueil de mots et d'émotions Des textes sombres et lumineux Puisqu'on est tous un peu des deux