Les Rivières aux Poignets

Révolution

Quelques réponses effleurées
Pour des questions enracinées
Et puis l'envie d'tout arrêter
Le vin, la clope et ces machins
Car on redoute un peu la fin
Car on connaît mieux le chemin
On en a vu des abandons
Et puis des fleurs sous les prénoms
On a compris qu'à chaque nuit
Le soleil monte et redescend
Et que les lunes arrondies
Ne sont jamais que des croissants
On s'attache à nos souvenirs
On ne sait plus trop les compter
On ne se voit pas bien vieillir
Sur les photos de nos passés
Chaque matin envole un peu
Au vent des larmes des rosées
Quelques instants d'éternité
Quand on s'moquait un peu des bleus
Au corps, au ciel et dans nos yeux
Quand la vie n'était qu'un grand jeu
Que l'on pensait déjà connaître
Quand on tombait trop amoureux
Juste le temps de s'en remettre
On s'en remet à nos idées
Qui ont déjà un peu changées
On rêvait de révolution
Et puis on achète une maison
Et l'on s'endette sur 30 ans
Pour être libre à 60 ans
On garde des sous de côté
Pour se payer quelques retraites
Quelques destinations rêvées
Rangées dans un coin de nos têtes
Pour y passer quelques étés
Loin des orages et tempêtes
Quand il fera 50 degrés
Ce sera bon de faire trempette
À nos deux pieds dans l'océan
Trop fatigués d'avoir couru
Après le temps et puis l'argent
Nous serons morts d'avoir vécu
Sans retenir un peu la vie
Sans ralentir à nos aiguilles
Tous les tumultes et les bruits
Sans profiter des feux qui brillent
Quand le jour fait place à la nuit
Quand l'amour est dans chaque geste
Quand le bonheur est juste ici
Bonheur, amour et puis le reste
Chaque seconde est une vie
Qui ne prend fin si l'on profite
Des battements, des incendies
Au fond de nos cœurs sans limite
Alors j'accroche à mon cerveau
Tous ces instants, toutes ces choses
Que l'on se dit pour être beaux
Il n y a pas d'épine sans rose
Alors j'accroche un peu ces mots
Aux fleurs fanées qui renaîtront
Et des bébés sur le frigo
À qui je partage mon nom
Et des bébés sur le frigo
Qui seront ma révolution