Champion du Monde

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C'est pas une mare, c'est une flaque
Mais on l'appelle quand même la mare
Y'a pas de banc, mais y a nos sacs
On s'assoit sur nos livres d'Histoire
On s'en raconte un peu aussi
Des rigolotes, des « qui font peur »
On ne craint pas encore la vie
On craint seul'ment la prochaine heure...
C'est l'été de la Coupe du Monde
Les derniers matchs de Zizou
Nos têtes ne sont plus si blondes
Le rose s'échappe à nos joues
Sous le duvet qui le remplace
Qui nous protège un peu du froid
Mais les frissons gardent leur place
Nos émotions se cachent là...
On n'a pas l'âge d'assumer
Nos ambitions et nos émois
Y'en a toujours pour se moquer
Quand on s'éloigne un peu du tas
Alors on remplit des carnets
Qu'ont disparu depuis longtemps
On fait rimer le verbe aimer
On le conjugue à tous les temps
Au temps présent pour quelques uns
Au temps futur pour beaucoup d'autres
Moi j'écris au temps du « p't'être bien »
Du conditionnel et des fautes
Ce qui est bien dans ce temps là
C'est qu'on peut dire n'importe quoi
« Si je devenais Président
Alors j'abolirais le temps »
Mais je sais bien que j'pars de loin
J'suis né dans une famille normale
Et quand je serre un peu le poing
Ma montre au poignet me fait mal
Alors le pouvoir et le temps
Y'en a qui décident à ma place
Bien que je n'aie que 14 ans
Je la connais déjà ma place...
J'suis qu'un gamin à la campagne
Qui r'joint ses copains à la mare
Et qui espère que la France gagne
Bien que le foot soit dérisoire
Car quand le match a commencé
J'avais les joues si colorées
Pas d'un drapeau ou je n'sais quoi
Elles étaient colorées de toi...
Quand j'ai senti la première fois
Tes doigts glisser entre les miens
Quand je ne regardais que toi
Dans le reflet de leur terrain...
Et si l'on s'est perdu de vue
Moi je n'oublie pas ces secondes
Le jour où la France a perdu
Moi j'étais le champion du monde...

Les Rivières aux PoignetsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant