J'connais toutes les rues de la ville aux deux o
J'y ai un peu vécu, quand j'n'étais pas plus haut
Que tous ces lampadair's qui éclairaient nos nuits
J'y ai connu les guerr's, et puis les joies aussi...
J'ai grandi dans ces rues avec un sac à dos
Qui portait tous ces livr's que je n'ouvrais jamais
Mes cahiers étaient nus, j'écrivais au blanco
Quelques mots un peu ivr's quand le ciel était laid
Quand le ciel était beau à travers les carreaux
D'un' fenêtre sur coeur qui me piquait les doigts
Pour fair' jaillir les mots qui coulaient sous ma peau
Et faire battre les heur's que je ne comptais pas...
Je cachais dans ma piaul' les restes des mégots
Que je fumais le soir quand il était trop tard
Pour cacher dans le sol mes questions et mes maux
Mes dout's et mes espoirs parsemés au hasard
Au hasard de mes text's écrits à l'encre noire
Quand la lune n'éclairait que d'autres que moi
Et je n'avais qu'un geste en dedans mon miroir
Je gravais la buée comme on grave le bois...
Une lettre et un' autre enlacées dans un cœur
Et quelques gouttes d'eau pour effacer les pleurs
C'est de l'eau dans de l'eau, alors ça n'se voit pas
On ne voit rien d'autre que ce que l'on voit...
À chaque coin de rue, des fantômes de moi
Ici j'avais trop bu, et c'était avec toi
Et puis là, souviens toi, on a montré nos culs
À des fill's et des gars qu'on a jamais revus...
On était des idiots, oui mais pas plus que ça
On chantait un peu faux mais jamais sans émoi
C'est les mêmes refrains que j'écoute aujourd'hui
Dans mes alexandrins, y'a un peu d'ça aussi...
Y'a un peu d'cette vie, quand le monde était p'tit
De l'écol' de musique à la gendarmerie
D'la maison d'une fille au collège Abaquesne
Des rues anecdotiqu's qui coulent dans mes veines...
Qui coulent de mes yeux chaque fois que j'y r'tourne
J'ai eu quatre maisons, c'est un peu trop pour moi
Dans la ville aux Bouseux pour un nom qu'on détourne
Dans la ville aux avions qui ne décollent pas...
Y'avait pas trop d'endroits pour des gens de nos âges
Ces quelques bancs de bois étaient inconfortables
Canapés aux trottoirs de nos enfantillages
On s'inventait le soir quelques plages de sable...
On lisait les doux mots dans le chemin de tags
Y'avait des numéros et des propositions...
On y laissait parfois quelques un's de nos blagues
On était pas d'ceux là qui parlaient d'fellations...
On lançait quelques œufs aux façad's des maisons
Ça devait être un jeu à l'âge des rebellions
Mais on est pas si con quand on a 17 ans ;
On évit' les maisons de ses propres parents !
On sautait dans les flaqu's mêm' quand y'en avait pas
On ach'tait quelques plaqu's qu'on fumait sur les toits...
Le monde sous nos pieds et nos bouch's enfumées
C'était jamais l'été mais j'crois qu'on s'en foutait...
On s'inventait des vies, le temps n'existait pas
On s'inventait des fill's qu'on prenait dans nos bras
Et on buvait jusqu'en oublier nos soirées
On savait seulement qu'on allait r'commencer
On y rêvait d'ailleurs sans savoir vraiment où
La vie serait meilleur' qu'au fond de notre trou
On y rêvait la nuit de quelques paradis
On avait pas compris la chance d'être ici
Dans une ville au nom qu'on ne sait prononcer
Et j'en reviens toujours à ces blagues de bouse
Cette ville a un nom, laissez moi l'expliquer ;
O dans l'o c'est d'l'amour et puis un peu de blues...
C'était juste un village, y avait pas de misères
Une ville trop sage sans problèm' ou mystères
On l'app'lait Boos City pour la rendre un peu cool
Le village d'un' vie et mêm' si le temps coule
Ça restera chez moi et ce quoiqu'il se passe
Ces rues là sont à moi et même ces impasses
Mon village d'enfance ne vous dit sûr'ment rien
Je ne suis pas de France, je suis un Boésien !
Si l'on découp' ce texte, il y a 20 quatrains
C'est l'âge où j'ai quitté les rues de ces refrains...
Ce n'est pas un prétext' mais ce soir j'bois du vin
Qu'a le goût du passé, qu'a le goût d'mes copains...
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Les Rivières aux Poignets
PoesíaRecueil de poèmes et chansons Recueil de mots et d'émotions Des textes sombres et lumineux Puisqu'on est tous un peu des deux