J'suis qu'un enfant qu'a pas grandi
À chaque nuit c'est le trou noir
Et qui m'enfonce dans la folie
Je vois des trucs que j'veux pas voir
Je me fais mordre chaque semaine
C'est le même sang dans nos deux veines
Je me fais mordre chaque semaine
Ça doit précipiter ma peine
Aux précipices à mes joues
Au fond du fond de mes deux yeux
J'suis qu'un enfant alors je joue
Mais j'ai pas bien compris le jeu
Adolescent je me réveille
J'ai les cheveux jusqu'aux épaules
J'préfère les lunes aux soleils
Les larmes coulent dans ma piaule
Je suis pas fou j'invente rien
Cette idée là me fait du bien
Alors je lève un peu la tête
Et je me noie les soirs de fêtes
Au fond des verres et des mégots
Au bleu des vers et des stylos
J'écris des trucs qui sont pas gais
Je me demande si je suis gai
J'ai la réponse j'suis hétéro
Alors j'me lance j'ai b'soin d'amour
Je suis le rythme des tangos
Macabres jusqu'aux fins des jours
J'sais pas danser mais j'fais d'mon mieux
Je fais semblant d'être un peu beau
Quand j'étais p'tit j'parlais à Dieu
Toujours avec les mêmes mots
J'veux pas mourir j'veux pas mourir
J'veux pas mourir j'veux pas mourir
J'veux pas mourir moi j'veux guérir
Alors j'en parle un peu au psy
Il m'dit des trucs que j'comprends pas
J'ai l'impression qu'il parle pas d'moi
Il m'dit des trucs que j'sais déjà
Les souvenirs et les traumas
Comme si j'avais besoin de ça
Mes souvenirs sont dans mes textes
Parfois ça rime et parfois pas
Ma poésie n'est qu'un prétexte
Pour rendre beau ce qui n'l'est pas
Pour croire encore un peu en moi
Je fais des mots qui font des phrases
Je fais des phrases sans virgule
Parfois c'est beau souvent c'est naze
Ça parle jamais de libellules
Mon truc à moi c'est le profond
C'est l'univers et c'est la mort
L'humanité les abandons
Ça parle des filles et de l'amour
Et puis du temps que l'on invente
À nos horloges bien trop rondes
Et ces aiguilles bien trop lentes
Confondent les jours les secondes
Mélangent les heures les années
Moi je suis né c'était hier
Moi je suis mort c'est programmé
En attendant je fais des vers
Pour qu'on entende un peu ma voix
Ma voix et quelques autres aussi
Car je ne parle jamais de moi
Je parle du monde et de la vie
J'suis qu'un enfant qu'a pas grandi
Qui compte encore tous ses cailloux
Au fond des poches de sa vie
Et des blessures à ses genoux
J'suis déjà mort putain c'est moche
Je sais que mes idées ricochent
Mais se le dire c'est se convaincre
De vous l'écrire c'est me convaincre
Qu'on est quelques millions comme ça
Un peu paumé un peu vaincu
Sur des bateaux qui n'en sont pas
Noyés des flots de nos vécus
J'ai pardonné le monde entier
Depuis le jour où je suis né
J'suis qu'un vieil homme encore en vie
J'suis qu'un enfant qu'a pas grandi
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Les Rivières aux Poignets
PoesíaRecueil de poèmes et chansons Recueil de mots et d'émotions Des textes sombres et lumineux Puisqu'on est tous un peu des deux