Dans la maison de ma grand-mère
Il y avait un vieux grenier
On y dormait avec mes frères
Sans être vraiment rassurésAu mur une femme était brodée
Dans la poussière d'un vieux tissu
Aussi bien l'hiver que l'été
Elle dormait là et toute nueJuste à côté du vieux grenier
Pépé était à son bureau
Rasoir à main, lunettes au nez
Quelques dossiers, un lavaboJe descendais les escaliers
Pour écouter qui était là
Je m'arrêtais sur le palier
Souvent il ne manquait que moiHeureusement, Mémé gardait
Quand il était presque midi
Toujours des crêpes de côté
Le p'tit déj' ouvrait l'appétitDans la maison de ma grand-mère
Y'avait toujours quelques bonbons
Dans le fond d'un bocal en verre
Avec un drôle de bouchonDans la maison de ma grand-mère
Un immense placard à chaussures
Et les sabots de mon grand-père
Qui me racontent ses aventuresDans la maison de ma grand-mère
Y'avait un truc un peu bizarre
Pour se laver le derrière
Je vous raconterai plus tardDes trucs bizarres y'en avait plein
Je pourrais en faire une liste
Comme un sac pour mettre le pain
Ou un piano sans le pianisteUn tapis de sol dans la douche
Des assiettes avec des gros trous
Une tapette pour taper les mouches
Une grosse couette à mes genouxDes seaux cachés dessous les lits
Une main en bois pour se gratter
Une plaque de porte pour faire pipi
Une cachette sous l'escalierUne télé dans une armoire
Et des salades dans l'potager
Des vieilles cassettes en blanc et noir
De la moquette dessous nos piedsUne BD sur le frigo
Et un placard en arrondi
Une dentelle pour un rideau
Une poubelle qu'on agranditUn p'tit bocal avec du sable
Un tas d'bouquins plus gros que moi
Des fauteuils télécommandables
Des photos d'gens que j'connais pasDans la maison de ma grand-mère
On y goûtait, les grands moments,
Des coquillages, des fruits de mer
Qui poussent au fond des océansMoi j'préférais surtout la terre
-De l'eau salée j'en ai trop bu-
Même si ma tête souvent en l'air
M'empêchait d'garder les pieds d'ssusDans la maison de ma grand-mère
On éboutait les haricots
En y foutant le H en l'air
On éboutait les z'aricotsOn écossait les petits pois
On était pas beaucoup plus lourd
Ils étaient vers qui riment en joie
Ils étaient vers luisants d'amourDans la maison de ma grand-mère
On y passait des bouts de nuits
À regarder les lumières
À la télé de nos ennuisDes émissions tôt le matin
Enfin plutôt très tard le soir
Où tout le monde et puis chacun
Venait raconter son histoireDans la maison de ma grand-mère
Des discussions que j'comprends pas
Des mots lâchés, jetés en l'air
Qui flottaient tout autour de moiJe les pêchais à l'épuisette
Comme on faisait pour les crevettes
Et puis du bout de ma fourchette
J'avalais tous les mots de têteDans la maison de ma grand-mère
On y chantait des chants marins
Des chants qui n'ont d'autres frontières
Que ces vieux phares brillant au loinDans la maison de ma grand-mère
On pouvait croire un peu en mieux
On n'y faisait pas de prières
On pouvait croire en ce qu'on veutDans la maison de ma grand-mère
On entendait crier terreur
Les cauchemars de mon grand-père
Qu'est c'qui pouvait bien lui faire peur ?Dans la maison d'une Grand Mère
Là sur sa chaise de gaulois
C'était la place d'un Grand Père
Elle était reine, il était roiDe la maison de ma grand-mère
La dernière fois que je l'ai vue
Il ne restait qu'un tas de pierres
Mais je l'ai quand même reconnueLes géraniums à ses fenêtres
Pour colorer le gris des murs
Les souvenirs et dans ma tête
J'entends les rires qui murmurent
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Les Rivières aux Poignets
PoesíaRecueil de poèmes et chansons Recueil de mots et d'émotions Des textes sombres et lumineux Puisqu'on est tous un peu des deux