Y'avait de l'herbe qui poussait
Des bouquets d'fleurs dans le béton
Aux angles des trottoirs usés
Pour des racines de chansonsY'avait que des chemins à pieds
Et du gravier sous les semelles
Des p'tits cailloux que j'promenais
Le long des rayons de soleilJ'pouvais mesurer la vitesse
Du son en voyant les rebonds
Des ballons ronds de nos jeunesses
J'avais un velux pour balconLa route était souvent mouillée
Des larmes grises de nuages
Mais y'avait rien pour arrêter
Les rêves des enfants pas sagesOn s'rejoignait dans le quartier
Assis sur des bancs fatigués
De supporter toujours nos culs
Et les p'tits mots qu'on gravait d'ssusY'avait de l'amour inventé
Des filles qu'on a jamais revues
Y'avait surtout nos amitiés
Qu'ont traversé le temps perduLe temps perdu je l'ai gagné
En ne comptant pas trop sur lui
Si j'ai vécu bien des années
Mon cœur bat toujours aujourd'huiEn repensant à ces instants
Le monde accroché aux chevilles
À ces endroits et à ces gens
En repensant à mes oublisJ'passais mes soirées chez Kiki
On se serrait dans l'fond d'sa piaule
Y'avait Momo, y'avait Jessy
On roulait pas trop des épaulesMais on roulait avec nos doigts
Des trucs pour un peu s'envoler
Dans une étoile ou sur un toit
Le monde nous appartenaitJ'crois mêm' que l'univers est né
Lors d'un essai scientifique
Quand on buvait de la fumée
Dans notre big bang en plastiqueY'avait l'Pégard sur son scooter
L'cowboy fringuant de Normandie
Clem et Thibault, putains d'bikers
Y caus'nt moto et ça m'ennuieAvec mon Seb j'écoutais Saez
Et puis du rock anglais aussi
Quand c'était l'heur' de s'mettre à l'aise
On crachait pas sur du JohnnyEntourés des champs de maïs
Faisant office de frontières
On faisait preuve de malice
On s'échappait le pouce en l'airPour des virées vers d'autres lieux
Où l'on pensait y trouver mieux
Que notre quartier quotidien
Où y'avait pas trop d'lendemainsOn a passé des bons moments
Puis chacun a pris son chemin
Pour s'en aller faire des enfants
Qui nous ressembleront p't'etr' bienPégard a traversé l'pays
Pour se trouver son p'tit endroit
Avec au bras un' jolie fille
Et un bébé dans c'ventre làThibault s'est rapproché d'la mer
Pour qu'ce soit plus jamais l'hiver
Quand t'as la mer pour horizon
C'est l'été à chaque saisonEt y'en a un qu'est près d'chez moi
Entre la ville et puis les vignes
Il est venu sans trop d'pourquoi
Et puis sa femm' lui a fait signeY'en a qui sont resté là-bas
Ça me permet d'y retourner
Retrouver des morceaux de moi
Qui continuent à y traînerY reste les maisons des vieux
La mère de Seb, les parents d'Clem
C'était l'quartier des premiers vœux
Des premiers jeux et des je t'aimeC'était l'quartier de nos avants
Quand on pouvait croire en c'qu'on veut
Quand on était déjà des grands
Mais trop p'tits pour être sérieuxJ'y ai laissé beaucoup de peines
Et de la joie dans c'quartier là
Ces rues sont tout autant de veines
Et dans chacune mon cœur bat
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Les Rivières aux Poignets
PoésieRecueil de poèmes et chansons Recueil de mots et d'émotions Des textes sombres et lumineux Puisqu'on est tous un peu des deux