Chapitre 1 - Laely Armstrong

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Quand on y pense, on peut voir deux significations au mot "destin". Certains l'emploient pour parler de ce qui est écrit d'avance, contre lequel on ne peut rien. Et puis il y a le cas où il est utilisé pour parler de cette voie que l'on se forge soi-même. Moi, je préfère penser au destin comme d'un chemin que je choisirai d'emprunter. Ces choix que je ferai et qui, au crépuscule de ma vie, me permettront de partir en paix, en me disant que je me suis bâti un destin hors normes.

Je suis Laely Armstrong, l'une des descendantes du célèbre Neil Armstrong. Celui qui s'est rendu célèbre il y a deux siècles quand il a été le premier homme à marcher sur la Lune. C'était en 1969. Et depuis, pendant des décennies, ma famille a toujours maintenu ce contact avec les étoiles.
C'est ainsi que moi, fille ordinaire de vingt ans, je porte le poids de l'étiquette de "La-nana-dont-l'ancêtre-était-un-pionnier-et-dont-on-attend-d'elle-qu'elle-en-fasse-autant-voire-plus".

Nous sommes le 1er septembre 2158, et aujourd'hui est un jour à part, car c'est le jour où j'intègre la formation spéciale du programme "Next Step" de la SpaSa. Je suis fière de pouvoir enfin commencer cette formation pour l'élite. "Le programme spatial qui permettra à l'humanité de migrer sur une nouvelle planète" insistait la vidéo promotionnelle lors des phases d'inscription.

— Je suis prête maman, allons-y.

— Tu n'as rien oublié ? Tu as tout ce qu'il te faut ? questionne la voix troublée à ma droite.

Ma mère, bien qu'honorée que sa fille unique suive les pas du cheminement familial, n'en est pas moins chamboulée de me voir partir pour de bon.

Il faut dire que là, maintenant, on n'a plus le choix. Il faut trouver de toute urgence l'issue de secours. Car "La bille de crasse" comme je l'appelle, n'a plus rien d'accueillant pour ses habitants. Polluée jusqu'au cœur, la Terre n'est plus qu'un amas de détritus, de radioactivité et d'habitants dépourvus.

Il faut croire que le saccage des humains n'a pas suffi, car depuis quelque temps, c'est comme si la planète elle-même avait décidé de s'auto-détruire en enchaînant les catastrophes naturelles aux quatre coins du globe. Ça a commencé il y a plus ou moins cent ans. Un jour, un type avait dit que ça serait formidable de pouvoir capter les gaz polluants l'atmosphère, de les rendre liquides, et de les injecter dans les cavités béantes de la croûte terrestre. Celles où logeait il y a fort longtemps le pétrole.

Après tout, puisque que tout a été siphonné, et qu'il ne restait que d'immenses trous, autant les combler, pas vrai ? Il rêvait, en somme, de transformer l'emmental en gruyère. Sauf qu'il a fallu se rendre à l'évidence : ça ne marche pas comme ça ! Depuis, tout se passe comme si, dotée d'une volonté propre, la planète voulait se rebeller contre les parasites qui vivent sur son dos depuis des millénaires.

Au début ça a été des tremblements de terre. Ils ont déclenché des tsunamis bien sûr, puis il y a eu des éruptions volcaniques qui ont provoqué des raz de marée, et comme de base on assistait à la montée du niveau des mers du fait du réchauffement climatique, ça a été l'anéantissement de millions d'humains.

Ensuite est venu le temps des pandémies, des famines, et pour finir les guerres. L'humain avait beau avoir fait basculer le premier domino de la construction, le mode auto-destruction de la "bille de crasse" était bien plus puissant et tout s'est effondré petit à petit.

Alors l'humanité a fait ce qu'elle sait faire de mieux : elle s'est adaptée. On a construit des barrages pour éviter que nos merveilleuses cités soient ensevelies, on en a déplacé plusieurs, on a creusé les montagnes pour y faire nos terriers, et on a fait grimper plus haut nos buildings. Et on a laissé crever les plus faibles.

C'est dans ce décor d'épouvantable effarement que moi, j'entre en scène. Oh, je ne prétends pas pouvoir résoudre tous les problèmes. Non ! Par contre, je vais avoir le privilège de pouvoir faire partie de ceux qui tentent le tout pour le tout. Désormais, chacun sait que l'humanité arrive au bout du décompte, et qu'il va falloir aller plus loin que Mars pour trouver un environnement habitable pour la vie telle qu'on la connaît ici.

Fly me to the Moon - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant