Chapitre 1

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« L'amour a des dents et ses morsures ne guérissent jamais »

C'était la citation préférée de mon père et il la sortait quand il me parlait de ma mère avec les yeux scintillants.

À vrai dire, je n'ai jamais compris la signification de cette citation et puis, je ne suis pas très calée dans la littérature contrairement à mon vieux. Je suis plutôt la meuf qui dévoue un grand amour pour les plantes et la chimie.

J'ai horreur de la littérature et lorsque j'étais en cours, le temps semblait figer. Qu'est-ce que j'avais à foutre des ces commentaires de texte ou encore de ces grands écrivains de Jane Austen !

Pourtant, actuellement, j'ai le nez plongé dans ce petit livret de citation de mon père. C'est le seul souvenir qu'il me reste de lui et je sais que ce petit livret lui tenait à coeur car il me répétait sans cesse que ce livret appartenait à ma mère qui est décédée à mes deux ans.

Je n'ai aucun souvenir de ma mère et selon les dires de mon père, c'était une belle femme, incroyable et dotée d'une intelligence remarquable. Il gardait un bon souvenir de maman mais moi, pour être honnête, je m'en fiche pas mal.

Je ne la connais pas et je la considère comme une inconnue.

Mais me voici maintenant avec ce livret entre mes doigts, le feuilletant dans une cafet avec un sourire amer scotché sur les lèvres.

— Voici votre commande, mademoiselle, fit une voix qui m'emmène à nouveau sur Terre.

Un jeune homme déposa mon café sur ma table et je lui souffle un « merci ». Plus les secondes passent et je remarque que le serveur est toujours à côté de moi, droit comme un piquet.  Bordel ! Qu'est-ce qu'il veut lui !

— Oui ?

— Eh bien, vous ne donnez pas de pourboire ? demande-t-il avec un sourire crispé.

J'ancre mes yeux dans les siens et celui-ci devient blême comme le cul d'un bébé.

— Est-ce que moi j'ai la tête de mère Téresa ?

Le serveur tourne les talons et part aussi vite qu'il est venu. J'ai oublié que dans ce pays, les pourboires sont presque une obligation et ce n'est pas une question d'être radine mais je n'ai aucun sous dans ma poche. Ce café, ce n'est pas moi qui le paie mais mon demi-frère.

Je vivais dans l'État du Texas, dans une petite maison hors de l'agglomération. Malheureusement, quand j'étais en cours, la maison a pris feu, les flammes emportant mon père qui était coincé sous les poutres en bois. J'ai tout perdu dans cet incendie, mes fringues, mes souvenirs et mon père. Désormais, je suis orpheline et j'avais presque oublié que j'ai un demi-frère avant qu'il me prenne contact.

Bizarrement, la seule chose qui n'a pas était réduit en cendre c'est ce petit livret alors quand le policier me l'a remis, pour moi il est évident qu'il soit sacré ! Ce livret n'a eu aucun dégât, il est comme neuf !

Je me demande si ce n'était pas l'esprit de ma mère qui le protège, je suis assez supesticieuse.

D'un coup, la chaise à côté de moi se tire avant qu'une odeur musqué me titille les narines. J'adresse un léger sourire à mon demi-frère avant de fermer le livret et le fourre dans mon sac à dos.

—Le voyage s'était bien passé ? me demande-t-il, mal à l'aise.

Je sens à quel point il est gêné en ma présence et puis ce n'est pas comme si on se voyait tous les jours.

— J'étais du côté hublot, alors j'estime que j'ai passé un bon voyage. Ce n'est pas la peine de stresser, Matteo. Je ne vais pas te bouffer, je pouffe en espérant le détendre.

Enchaînée au diableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant