Chapitre 81

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Sous mes yeux, le personnel naviguant récupère ma seule valise et l'amène dans le jet qui nous attend. Le cœur serré, j'attends Espen sur le tarmac et il est en train de discuter avec Nico qui vient tout juste d'arriver.

Lorsqu'il m'a annoncé que je pars rejoindre mon père, ce soir, j'avais du mal à croire. C'était si soudain, je m'y attendais pas.

Je savais qu'un jour j'allais rejoindre mon père mais pas aujourd'hui ! Je suis pas prête mentalement et limite, je n'ai plus envie d'y aller... c'est à ce moment même que je prends conscience que je vais revenir sur le territoire ennemi et retrouver mon papa.

Une fois je poserai les pieds aux states, on voudra me kidnapper ou bien me tuer !

Espen est bien resté mystérieux quant à sa décision. Pourquoi il souhaite que je parte maintenant alors qu'il y a cinq heures, il voulait que je reste près de lui ?

Ça m'angoisse terriblement, j'ai du mal à réguler ma respiration.

— Je t'attends à l'intérieur, Mira, s'exclame Nico en se dirigeant dans ma direction.

J'acquiesce avec un sourire anxieux et observe le diable se diriger vers moi.

— Espen, pourquoi je pars ce soir ? Tu m'inquiètes énormément.

Il attrape délicatement ma main et la serre. Cependant son regard reste toujours sérieux.

— Je vais attaquer les Rodriguez, annonce-t-il avec un rictus.

J'ouvre grands mes yeux, horrifiée.

— Quoi ?! Mais t'es fou ! Tu vas provoquer une guerre !

— Arrête de jacasser, tu saoules ! Je le fais pour créer une diversion. Les Rodriguez vont plutôt se préoccuper de l'attaque que toi.

Oh...

En les attaquant, je pourrai rejoindre le sol américain en catimini. Il n'est pas si con mais sa déclaration de guerre m'effraie. Une fois cette guerre déclarée, ça va engendrer un chaos total au Mexique. J'ai peur pour mes proches...

— Mais vous ? Vous risquez de mourir. Espen, ton idée m'effraie. J'ai peur pour les gars mais surtout pour toi, j'avoue avec l'air tracassé.

Il esquisse un petit sourire et caresse tendrement ma joue.

— Ne t'en fais pas pour nous muñeca, on va gérer. Il faut bien que j'élimine ces microbes pour qu'elles nous laissent tranquille. Ça me fait chier de te laisser partir loin de moi mais je n'ai pas le choix.

— Mais tu vas me rejoindre, je le précise.

— Oui, c'est sûr. Attends, j'ai quelque chose pour toi.

Il fouille dans sa poche pour sortir un écrin rouge. Ne croyant pas ce que je vois actuellement, je fais des va-et-vient entre l'écrin et son visage mais lorsqu'il sort le bijou, je sens mes jambes flageoler et succomber sous mon poids. Je m'appuie sur son avant bras, le cœur battant la chamade.

— Je sais que ce n'était pas le mariage que tu rêvais mais désormais tu es ma femme et je pense qu'il te manque cette bague.

Il passe la bague à mon annulaire et le diamant se met à briller.

— Tu m'appartiens Mira et moi je t'appartiens pour toujours, ajoute-il avec les yeux scintillant.

C'est l'équivalent d'un « je t'aime » de sa part.

Émue, je le serre dans mes bras et hume son parfum fétiche. Je ferme les yeux et savoure son toucher et sa présence. Je ne vais plus le revoir pour quelques jours et ça va me faire bizarre.

Nous nous séparons et enfin, je décide de poser un baiser sur les lèvres avant de caresser sa joue.

Te amo, je chuchote devant ses lèvres.

Je recule pour observer sa réaction et il cligne des yeux, surpris. Souriante, je décide de monter les marches qui m'emmènent au jet et le fais un signe avant de m'engouffrer à l'intérieur.

***

Après un jour et quelques heures, nous sommes dans l'État du Montana. L'adresse de mon père est encore à quelques heures de moi et honnêtement, je songe qu'on arrivera à la fin de la journée. Tout comme moi, Nico est paumé donc nous avons du faire une pause dans un petit resto.

Emmitouflée dans une veste, je termine mon appel avec Espen afin de le rassurer que tout se passe bien de mon côté. Il n'a pas voulu me raconter la déclaration de guerre mais je suppose que ça a merdé de son côté.

— Selon la carte, il nous reste encore sept heures à parcourir. Ton père doit être en haut de cette montagne. Il faut que tu aies du courage, Perez.

— Cette fois-ci tu ne vas pas m'entendre me plaindre, Nico. J'ai hâte de le retrouver ! je m'écris en tremblotant de froid.

— Putain mais pourquoi il fait si froid ici ?! On est censés être en été, merde !

Moi-même, j'ai du mal à expliquer ce phénomène. Snowmelt est entouré de montagnes et d'après les indications du GPS, papa se trouve perché sur une montagne enneigée. Je n'avais pas prévu ce froid, mais alors là pas du tout !

Avec Nico, nous étions obligés de nous équiper en linge d'hiver mais pour nous deux, affronter ce froid est un choc. Je n'ai jamais vécu l'hiver.

Au Texas, l'hiver est plutôt doux et il fait toujours chaud et au Mexique, c'est tout le temps ensoleillé.

Donc non seulement, c'est la première fois que je vais affronter un froid mais aussi voir de mes propres yeux de la neige.

— Tu as eu des nouvelles ? me questionne-t-il.

Je hausse les épaules.

— Espen n'a pas voulu m'en dire plus. Je pense qu'il n'a pas voulu me dire pour ne pas m'inquiéter.

— C'est certainement le chaos mais au moins, nous sommes pas suivis par les Rodriguez.

J'acquiesce puis nous prenons notre déjeuner avant de nous mettre en route. Les heures sont longues, très longues. Plus les heures passent, plus la voiture s'engage dans une forêt de sapins et la route devient de plus en plus vertigineuse. Le chauffeur que nous avons payé n'est pas très serein mais Nico le menace avec un flingue de continuer la route.

Il est trop tard pour faire demi-tour et si Nico n'était pas à mes côtés, j'aurai fait la même chose que lui.

Plus les kilomètres réduisent, plus mon excitation s'accroît.

Il nous reste un kilomètre à parcourir et malheureusement, on doit le faire à pied. Encore un petit kilomètre et je vais enfin revoir mon père...

Le chemin est boueux et le froid me gifle la tronche. Malgré la doudoune, mon corps continue à trembler et je ne sens plus le bout de mes doigts. J'ai de plus en plus du mal à pousser ma valise mais ce sont sous les encouragements de Nico que nous atteignons l'arrivée.

On toque à la porte et on attend. J'ai l'impression que les secondes qui s'écroulent sont des heures et je crois même faire une crise cardiaque tellement mon organe vital s'affole.

Mais il ouvre la porte. Et je le vois, en face moi.

Enchaînée au diableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant