Chapitre 34

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À pas lourd, je traverse le jardin avant d'emprunter les escaliers. Sans prendre la peine d'avertir ma présence, je pénètre dans la pièce où il m'attend dans un calme olympien derrière son bureau en bois de chêne.

Toujours avec une cigarette entre les doigts, il semble absent avec les yeux dans les vagues. On dirait qu'il ne m'a toujours pas remarqué.

À petit pas, j'avance vers lui en espérant qu'il me remarque mais visiblement, il est dans un autre univers.

Qu'est-ce qu'il doit imaginer pour ne pas remarquer ma présence ?

Depuis quand le diable imagine ?

— Pourquoi voulais-tu me voir ?

Il cligne plusieurs fois et me lance un regard avec un air complètement blasé.

— Mon bureau n'est pas la chatte de ta mère pour que tu entres et sortes sans m'avertir, siffle-t-il avant de me désigner la chaise.

Ce con...

Difficilement, je me retiens à l'insulter et m'assois silencieusement.

Ça ne me dérange pas qu'il insulte ma mère, au contraire cette folle mérite toutes les insultes du monde mais je n'apprécie pas qu'il s'adresse ainsi avec moi. C'est irrespectueux.

— La mission fut un succès. Alfonso ne reverra plus jamais la lumière du jour, ajoute-t-il toujours d'un ton colérique.

J'essaie réprimer ce sentiment de crainte mais je me rappelle que Alfonso mérite la mort. Les hauts gradés de la police savaient pour son background mais ils ont fermé les yeux. Cet homme a abusé plusieurs jeunes femmes et personne n'a osé l'arrêter parce qu'il était un des meilleurs agents.

Mais il reste mon premier mort.

J'ai tué une personne.

— D'accord, alors pourquoi tu sembles être si en colère ? C'est pas...

— Je sais pour tes manigances, Perez ! claque-t-il d'une voix sèche. Je sais que tu t'es infiltrée dans ma chambre et que tu as balancé une de tes inventions sur mes costumes.

Quoi ? Pourtant, j'ai bien vérifié s'il n'y avait pas de caméras dans les alentours.

Quand j'ai su que le diable a cramé tous mes vêtements, je voulais me venger en aspergeant un mélange de plante sur ses beaux costumes sur mesures.

— Ce mélange ne pouvait pas te tuer mais il te provoquerait des démangeaisons cutanées ainsi que des cloques, je lui explique avec un léger sourire.

— Tu voulais donc te venger, chuchote-t-il d'un air suspicieux.

Je hausse les épaules.

— On ne touche pas à mes affaires.

— Crois-moi, ces horreurs ne vont manquer à personne. Tu as de la chance que je suis d'humeur calme sinon tu sais ce qui t'attendais.

Il me sonde avec ses prunelles verts et une drôle sensation m'envahit. Mon coeur prend une allure irrégulière. J'essaie de garder le contact des yeux malgré son aura dominateur.

Bon sang mais qu'est-ce qui m'arrive ?

— Tu voulais juste me dire ça ? je lui demande avec la gorge aussi sèche qu'un désert.

— Non. Ce soir on fêtera ta première mission à The Paradise. C'est un rituel de célébrer la première mission d'un nouveau, me répond-t-il toujours dans les yeux.

Enchaînée au diableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant