Chapitre 22

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Un grand manoir se dresse sous mes yeux et plusieurs voitures luxueuses sont garées sur le parking, accentuant ma surprise.

Nous nous dirigeons vers l'entrée où Antonio nous attend de pied ferme. Comme mon frère, il est vêtu d'un simple costume avec un noeud papillon. Il m'enlace brièvement ainsi qu'Elsie après lui avoir réprimandé sur sa tenue et nous entrons  dans la salle de réception où la richesse grouille. Tous les invités sont habillés si joliment et je vois de loin une fille portant la même robe que moi. Cela m'agace mais je prends sur moi-même. Plusieurs tables sont disposées dans la salle, joliment décorés d'une chandelle en cristal, des fleurs et quelques touches de dorée.

Rapidement, nous rejoignons les jumeaux à une table et leurs rires couvrent la musique du fond, attirant des regards méprisants.

— Vous voilà enfin !  s'exclame Niguel en sortant une bouteille de champagne de nulle part. Vous êtes ravissantes les filles.

Il nous sert une flute de champagne et je la porte à mes lèvres avant de tousser, écoeurée par le goût.

Je n'ai jamais goûté un champagne aussi répugnant de toute ma vie !

— Où est Espen ? demande soudainement Elsie, le cherchant du regard.

— Toujours avec ton grand-père. Il nous joindra une fois quand leur discussion prendra fin, répond Gaël, d'une voix froide et les yeux sur moi.

Il me tue du regard et mal à l'aise, je fais mine d'être fascinée par la décoration de la table. Je sens une tension sur la table et plus personne n'ose adresser la parole. Du coin de l'oeil, Matteo est scotché sur son téléphone, tandis qu'Antonio observe les musiciens. Niguel plaque un sourire anxieux sur sa tronche tandis qu'Elsie tape nerveusement du pied.

La situation est peut-être cocasse mais actuellement, je me sens terriblement mal à l'aise.

— Les gars, je pense qu'on devrait en parler avant qu'Espen n'arrive, intervient mon frère d'une voix sombre.

— Tu as raison ! Je commence et je désapprouve votre relation ! s'écrit Niguel en pointant les tourtereaux . Ça fait combien de temps que cette mascarade dure ?

— Deux ans mais écoutez-nous au moins. On s'aime et il est trop tard de faire retour en arrière. Je sais que vous êtes contre notre relation mais on ne va pas se quitter pour Espen ou pour votre conscience, explique Elsie. N'est-ce pas, Gaël ?

— Moi je pense qu'Almira devrait fermer sa gueule et occuper ses oignons au lieu des notre, peste Gaël d'une voix sèche. C'est à cause d'elle que nous sommes dans ce pétrin.

Je ricane et penche ma tête dans sa direction.

— Ma faute ? Ce n'est pas moi qui ai fourré ma teub dans la chatte de la soeur de mon boss, je rétorque d'une voix calme.

— Mira ! s'écrit mon amie, horrifiée.

— Je suis désolée, mais j'énonce les faits ! Je vous ai découvert et sous le coup de colère je vous ai dénoncé à Niguel mais c'est mieux que ça soit lui et non Espen, n'est-ce pas ? Je suis pas fautive dans cette histoire.

Niguel acquiesce, approuvant mes dires. Gaël est aussi fou que son chef. Donc, c'est moi la fautive ?

— N'empêche, tu ne pouvais pas la fermer ? Regarde autour de toi, tous mes potes savent ma liaison avec Elsie. C'est de ta faute s'il m'arrive quelque chose, avertit Gaël en tapant son poing sur la table.

— Non Gaël, ça sera de votre faute si Espen aura envie de vous tuer ! s'impose Antonio. Ce n'est pas Almira qui baise Elsie mais toi, mon ami. Pourtant, tu connais le pacte et tu sais qu'Espen le respecte au pied de la lettre ! Si tu étais dotée de bon sens, tu saurais ce que tu fais actuellement est une belle erreur.

Le concerné baisse sa tête, honteux et malgré tout ce qu'il m'a craché en pleine face plus tôt, j'éprouve de la peine pour lui. Il aime réellement Elsie mais ce satané pacte entrave leur relation.

— Je vous propose deux choix, annonce Niguel en leur adressant un regard sérieux. Soit vous arrêtez cette relation tout de suite, soit vous vous dénoncer à Espen. Je vous conseille le premier choix et le chef ne saura rien.

— Hors de question ! Enfin, Niguel sois de mon côté. Je... j'aime Elsie et je vais lui demander sa main, s'affole son frère jumeau. Je ne peux pas la quitter, ça me fera trop mal.

Elsie sursaute sur sa chaise et ne sait plus où regarder. Je lui serre sa main et elle fait de même. Peut importe son choix, je la soutiendrai dans son choix même si diable est prêt à m'égorger.

— Pour l'instant, nous gardons votre secret mais à un moment donné, vous devrez faire un choix, dit Matteo leur avisant avec son regard lourd de sens. Cette mascarade ne peut pas continuer éternellement.

— Et je ne voudrais pas vous effrayer mais quand Espen le saura, ça fera très mal, souffle Antonio. Si tu ne veux pas qu'il te fasse bouffer tes couilles, tu sais ce qu'il te reste à faire, Gaël.

Ce dernier hoche la tête et renifle comme un gosse.

Tout d'un coup, Bouleversée par la gravité de la situation, Elsie se lève et s'éclipse. 

— Suis-là, ordonne mon frère.

J'acquiesce et pars à sa recherche. J'emprunte un couloir en trottant avec ces talons à la noix.

Pourtant, je l'ai bien vu emprunter ce couloir mais celui-ci débouche sur plusieurs portes. Toujours en trottinant, je débouche sur un autre couloir mais mes pieds se mêlent avec ces échasses avant que je perde l'équilibre.

Une main d'acier m'attrape le bras puis un bras entoure ma taille, me rattrapant de justesse. Je me tourne, m'apprêtant à remercier la personne mais les mots se perdent quand mon regard arrime à ces prunelles verts forêt.

Ce regard que j'essaie d'esquiver depuis que je reposé mon pied au Mexique.

Sans aucune raison, mon coeur entame une danse rythmée et je perds le fil de mes pensées. Il ne semble pas vouloir me lâcher et secrètement, je suis du même avis que lui. Nous entendons du bruit de l'autre couloir et comme s'il sortait d'une transe, le diable  me lâche et me pousse sans ménagement. Je m'appuie sur le mur évitant de justesse le sol.

— Euh, merci, dis-je, embarrassée.

— Si tu sais pas marcher avec ces putains de godasses, autant de les enlever, idiote ! peste-t-il sèchement en fixant ses mains avec la bouche tordue. Fait chier, je vais devoir me désinfecter ma main.

Je fronce les sourcils et une irritation nait en moi.

— Je ne suis pas sale si tu veux le savoir.

— Non, tu es le genre de tâche qui ne pars jamais malgré tout les produits qu'on utilise pour l'éradiquer. La prochaine fois, reste loin de moi.

Il disparaît au fond du couloir et je reste septique au milieu du couloir, comme une débile.

Mais pour qui il se prend, sérieusement ?

Enchaînée au diableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant