XVIII

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Les éclairages multicolores installés à l'occasion des fêtes de fin d'année avaient progressivement laissé la place aux premiers rayons de soleil. Ces derniers avaient tant bien que mal réussi à percer l'épaisse masse nuageuse. De fins flocons de neige envahissaient le quartier. Bientôt, les trottoirs et les toits devinrent blanchâtres, offrant une perspective cotonneuse à ceux qui, tôt le matin, inspectaient les lieux depuis leur fenêtre. Les travailleurs matinaux prenaient garde de ne pas glisser une fois qu'ils avaient posé un pied sur le verglas omniprésent. Le froid hivernal, accompagné d'une humidité dérangeante et d'un vent frigorifiant avait surpris les washingtoniens dès leur réveil. Les véhicules stationnés sur Pennsylvania Avenue se trouvaient enrobés d'une fine couche de givre, les taxis roulaient au pas et les quelques courageux prêts à affronter ces températures négatives s'étaient emmitouflés de gants, d'écharpes, et avaient sorti pour l'occasion des anoraks spécialement conçus pour des conditions climatiques extrêmes.

Après s'être remise d'une soirée riche en émotions, et s'être reposée une poignée d'heures, Délinda Cross se réveilla.

Où suis-je ? A oui, à l'hôtel. Allez hop ! Lève-toi Delinda.

Le peu de sommeil lui avait néanmoins été bénéfique. Elle s'étira longuement avant de rejoindre la salle de bains pour se rafraîchir. Elle retira son chemisier avant de s'asperger le visage d'une eau rafraîchissante. Puis, elle saisit le tube de dentifrice qui reposait sur le rebord de l'évier, s'en appliqua une gousse sur l'index et se frictionna l'intérieur de la bouche de son doigt. Enfin, elle humidifia ses doigts et s'en servit de peigne pour se recoiffer. Elle étira ses cheveux sur l'arrière du crâne, jusqu'à joindre ses mains sur sa nuque, et tressa l'épaisse poignée de cheveux à l'aide d'un élastique qu'elle sortit maladroitement de sa veste. Une fois prête, elle se regarda dans le large miroir, sa droiture la rassura et elle consentit à rejoindre les autres.

De retour auprès des plus téméraires qui avaient passé une nuit blanche à se remémorer ces instants maudits ayant causé la disparition de l'éminent ufologue, elle accepta volontiers le café que lui proposa Winter. Sa tenue de la veille, bien que partiellement froissée, lui allait encore à ravir. Son maquillage, effacé par une eau vive, avait laissé la place à une plastique plus naturelle. En s'invitant dans la pièce de réception, son sourire rayonnant, la présence de cette jolie jeune femme permit d'adoucir les esprits.

Durant ces heures de miséricorde où le chagrin, la colère et la vengeance s'acharnaient à maintenir un cortex douloureux dans le cœur des survivants, King fit la promesse de les tenir au courant de l'évolution de l'enquête sur l'homicide de Max Gulliver.

Quant à Winter, l'instigateur de ce groupe de réflexion, il réussit à convaincre ses collègues scientifiques que l'expert en objets volants non-identifiés, et fervent défenseur de la théorie des visiteurs antiques, ne serait pas mort en vain. Son expertise devrait servir la cause. Et la révélation de cette théorie auprès du grand public serait une marque de gratitude qui leur semblait indispensable d'accomplir avant d'entamer le deuil.

Non, nous ne t'oublierons pas, pensait Winter. Certes, nous continuerons sans toi, mais POUR toi.

Une fois qu'ils furent tous réunis autour de la table du salon, Winter saisit une tablette iPad et s'en servit pour révéler un large téléviseur plasma camouflé derrière un panneau en bois sculpté. Se servant toujours du même support, il fit démarrer un disque dur qui lui permettrait de visionner des fichiers informatiques, des photos, des vidéos ou encore d'avoir accès à Internet tout en restituant les images sur son téléviseur.

C'est tout de même beau la domotique, se dit King.

Nous ne devons pas laisser nos sentiments de côté, mais je sais que Max aurait voulu que toute cette histoire soit dévoilée au grand jour. Aussi, je vous invite, mes confrères, à nous serrer les coudes et à faire face.

MASTERS OF THE MANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant