LXIX

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Un tunnel. C'est l'image qui vint instinctivement à l'esprit de l'agent King en traversant cet enchevêtrement d'arbres. Il y faisait si noir. Les hautes cimes des arbres faisait office de dôme au-dessus de sa tête, ne laissant filtrer aucun rayon de soleil. Guidé par le faisceau lumineux de sa torche, il tenta de maintenir le cap à l'Est afin de rejoindre le Puits d'Argent.

Le chemin escarpé semblait interminable d'autant plus, qu'engoncé dans son scaphandre, il ne pouvait pas progresser à sa guise. Néanmoins, il persévérait dans ses efforts. Puis, au loin, il aperçut une lueur. Il éteignit sa lampe afin de vérifier s'il ne s'agissait pas d'un reflet sur un arbre luisant, mais non. C'était bien une lueur naturelle qui s'affichait face à lui. Cette lumière au bout du tunnel lui fournit une once de courage supplémentaire. Il réalisait alors comment certaines personnes réussissaient à braver l'épreuve de mort imminente et à revenir à la vie en suivant cette lueur au bout du vortex. L'espoir. L'espoir de pouvoir sortir de là, de cet endroit austère, et d'éradiquer par la même occasion les craintes qui le torturaient, c'est tout ce qui le motivait.

Son allure s'accéléra.

Plus il avançait et plus la clarté grossissait. Il s'inquiéta de savoir si c'était lui qui s'approchait de la lumière ou l'inverse. Puis, à moins d'une centaine de mètres de l'objectif, il stoppa, observa, et réussit à distinguer une clairière.

Ca y est, j'y suis. Le puits des Templiers est à portée de mains. Espérons que l'engin et son minerai soient toujours dans ce maudit sarcophage.

Il reprit avec enthousiasme sa course vers la vérité. Ses questions trouveraient des réponses d'ici peu, à quelques foulées.

Enfin ! S'exclama t-il.

La lumière du jour s'abattit sur sa visière. Un soulagement l'envahit. Il régnait, à la surface de cette clairière, une ambiance mortuaire. Un vent glacial s'invitait dans chaque recoin de cet endroit désolé, balayant les reliefs désordonnés de cette esplanade désertique.

Sans s'aventurer dans une grande expertise il put affirmer que d'importants travaux avaient été réalisés sur cette petite plate-forme. A première vue, s'il s'agissait bien du puits en question, il ne devait y avoir à l'origine que l'excavation seule du trou. La clairière ne paraissait pas naturelle, des souches traînaient ici et là. De toute évidence, des arbres y avaient été débité afin d'offrir une surface confortable pour des travaux de plus grande envergure. En balayant son regard de gauche à droite, il put apercevoir des cabanes de chantier, deux énormes groupes électrogènes, du matériel de travaux publics tels qu'une grue, un bulldozer, une toupie à béton, des pompes hydrauliques, des marteaux piqueurs, des pelles, des pioches, des sceaux et des brouettes. King se résigna alors à faire une regrettable constatation : le site avait été subitement abandonné.

Au centre, une impressionnante dalle en béton marquait cet endroit d'une étrange verrue, à moins que ce ne soit une rustine ou un pansement pour contenir le mal, tel un sarcophage de béton. Des fouilles avaient été réalisées, l'engin radioactif peut-être trouvé, mais on avait pris soin de tout reboucher soigneusement et de sceller le puits d'un épais dôme.

Les gens qui étaient venus ici connaissaient exactement la nature de l'objet convoité. Mais s'ils avaient disparu, laissant derrière eux tout ces matériels, c'est qu'ils avaient été exposés à la dévastation d'une source radioactive hors du commun. L'équipe de mercenaires répertoriés dans divers hôpitaux américains avaient séjourné dans cet endroit, cela ne faisait plus aucun doute.

Le minerai radioactif est-il toujours enfermé au fond du puits ? S'interrogea l'agent fédéral. Ou bien ont-ils réussi à le débusquer et à l'extraire ? Dans quel cas, où serait-il contenu ?

MASTERS OF THE MANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant