LXVI

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Une heure plus tard, deux gros 4x4 aux vitres teintées firent irruption sur le parking de l'hôpital.

De drôles d'individus en combinaison intégrale orange en sortirent. Alors que certains d'entre eux s'affairaient à décharger du matériel des coffres, l'un des ces hommes, vraisemblablement le chef du groupe, se présenta à l'accueil des urgences. Au travers d'une porte vitrée et fermée à clés, il entraperçut les urgentistes qui attendaient dans le hall. Il leur fit signe de s'approcher. Un interne leur ouvrit la porte. L'homme réclama alors de rencontrer le responsable du service.

C'est vous qui nous avez appelés ?Oui, dit le médecin quelque peu impressionné par tout l'attirail exposé par cette équipe expérimentée.D'accord. Pas de panique. Nous allons étudier le patient et vérifier qu'il ne s'agisse pas d'une réaction à une exposition virale classique. Mais avant tout chose, vous allez m'expliquer ce qui s'est produit.

Les deux hommes se mirent à l'écart dans un bureau et le médecin hospitalier raconta tout ce qu'il savait, usant de termes techniques comme s'il avait besoin de valoriser sa fonction.

Une fois les données fournies, l'équipe du CDC fut conduite auprès de Delinda Cross. Et une batterie d'analyse fut pratiquée.

Désormais, il fallait attendre les résultats des tests afin de savoir de quel agent pathogène il était question. La grande question qui demeurait c'était de savoir s'ils étaient face à une contamination virale, bactérienne, transmissible par contacts ou bien aérodispersible, si le remède serait un vaccin connu ou bien s'il fallait envisager la création d'un sérum de synthèse, et si les conséquences pouvaient potentiellement être mortelles. Pour l'heure, l'état de santé de la jeune femme ne s'était plus aggravé, et ses plaies se trouvaient soignées et contenues par des pansements et des compresses. La patiente avait également été intégralement désinfectée, habillée et couchée dans une chambre au flux d'air contrôlé. Visiblement, le plus dur était passé. La crise spectaculaire vécue par les urgentistes fut de courte durée avant une stabilité totale des fonctions vitales, ce qui s'annonçait bénéfique pour la jeune femme.

Cela ne m'a pas l'air bien méchant, dit l'envoyé du CDC.Vous croyez ?

Le médecin qui s'était occupé de Cross craint d'avoir fait se déplacer ces éminents spécialistes pour rien.

Je ne suis sûr de rien. En revanche, d'après la description que vous me faites de cette crise, je serais tenté de penser qu'il puisse s'agir d'une réaction à un hôte viral que n'aurait pas supporté son organisme. Ce pourrait effectivement être un virus, mais aussi un vaccin, une exposition à certaines plantes.Nous avons remarqué qu'elle avait une piqûre à la base du cou, entre la troisième et la quatrième vertèbre. Apparemment, il n'est pas impossible qu'elle ait été faite par une seringue épidermique.Nous allons lancer une analyse séquentielle de son liquide rachidien, c'est la routine. Et nous en profiterons pour dresser un bilan complet de son contenu sanguin. Avez-vous dressé une sérologie ?Oui, mais elle s'est avérée négative.Nous ferons une analyse plus poussée. Maintenant, je voudrais l'ausculter, si c'est possible.

Les deux hommes se rendirent auprès de Cross.

Elle dormait paisiblement. Son visage, radieux, décontracta la mâchoire du spécialiste du CDC qui, à travers la visière de sa combinaison, ne put esquiver un sourire.

Il s'approcha d'elle et apposa une main sur son front. Son gant en latex empêchait de percevoir la chaleur de ce corps et les pulsions cardiaques qui faisaient vibrer ses tempes. Néanmoins, il resta ainsi quelques instants, rassurant la jeune femme. Bien qu'elle soit plongée dans un profond coma, elle pouvait percevoir la présence de cet individu. Elle n'était plus seule.


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