XXXVI

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La séduisante assistante du chef de la cellule antiterroriste de Salt Lake City ne cessait de jeter des regards furtifs à son patron. Elle l'observait insidieusement. La prestance de cet homme la bouleversait-elle ? Se sentait-elle éprise de sentiments dont elle ignorait jusqu'à présent l'existence ? Ou bien était-elle surprise du sang-froid et de l'humilité dont il faisait part ?

Dans quelle histoire s'est-on embarqué ? Ne cessait-elle de se répéter. Nous perdons notre temps. Une arme atomique se balade peut-être sur le continent et nous, nous sommes là à écouter les élucubrations de ces savants-sorciers. Pourtant, une force invincible nous pousse à rester et à les écouter. Pourquoi ? La connaissance, le savoir et la vérité peuvent-ils guider nos propres choix, à notre insu ?

Ils venaient de passer la nuit et la journée à entendre toutes sortes de révélations, et à entrer dans le jeu de ces scientifiques, dans l'attente qu'ils leurs lâchent l'endroit où se cacherait la présumée terroriste. Bien que, plus ils en apprenaient sur le compte de Kaufman, et plus l'image de terroriste s'effaçait pour laisser place à celle d'une femme dépassée par toutes ces histoires et tous ces mystères. Surtout, rien ne laissait présumer que cette femme soit bien liée à une quelconque cellule terroriste. Et puis, Winter ne flanchait pas et maintenait sa version comme quoi les deux flics du FBI faisaient fausse route en s'obstinant à la pourchasser.

L'archéologue affirmait que seule son élève, celle qu'il chérissait et respectait, pouvait les conduire jusqu'au minerai radioactif, ensuite seulement ils vérifieraient si cette substance mortelle était à la base d'un engin atomique ou pas.

Si Johanna Kaufman était coupable, c'était d'avoir laisser son esprit croire que la vérité se tenait à porter de main. Son mentor en était convaincu, elle était innocente mais des forces obscures désiraient peut-être aussi s'emparer de l'objet. Une course contre la montre était donc engagée et Winter voulait que ses invités de marque retrouvent ce qui leur faisaient défaut. Aussi, il leur faudrait une boîte à outils complète à leur disposition. Cette boîte à outils, constituée de toutes sortes de vérités leur permettraient d'ouvrir leur esprit, leur âme et leur cœur. Aussi, il n'en démordait pas et continuait inlassablement de les éduquer par tous ses savoirs et connaissances.

Quant à King, lorsqu'il ne laissait pas ses yeux se perdre sur la silhouette de sa collègue, il griffonait des notes sur son calepin, notifiant les grandes informations révélées par Winter et ses camarades.

Je sais ce que vous pensez. Nous ne sommes que des fous. Nous avons abandonné la science pour nous réfugier dans cette théorie ambigue. Mais ce n'est pas ce que vous croyez. Nous restons des scientifiques, des chercheurs, et nous nous posons des questions, rien de plus que des questions. Nous n'affirmons rien, au contraire, nous cherchons justement à ce que des scientifiques bien plus calés que nous, nous interpellent et viennent nous dire : « Eh ! Les gars vous avez tout faux ». Ce serait un tel soulagement, croyez-moi.Pourquoi un soulagement ?Nous accumulons des faits étranges qui suscitent des réflexions parmi les plus folles et les plus controversées, et en contre-partie, nous n'avons pas de réponses. Alors, [...] Je veux croire que Johanna ait pu aller au bout de ses rêves et trouver la preuve que nous ne sommes pas tous fous, que notre théorie est viable et que nous sommes bien le produit des Néfilim. Que nos Maîtres, les dieux, ne sont pas seulement dans l'imaginaire des hommes mais qu'ils existent.

Winter parut abattu, presque triste. Comme s'il était envahi par une accablante fatigue. Il avait passé des années à chercher cette preuve incontestable au risque d'être la risée des communautés scientifiques, de ses pères, pour se retrouver là dans un hôtel, sans famille, sans but, juste là à raconter son histoire à deux inconnus.

MASTERS OF THE MANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant