LXXIII

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24 Décembre. 13H28.

Division du FBI de Salt Lake City.

257 Est 200Sud, Suite 1200, UT 84111.




Une fois arrivé sur le tarmac de l'aéroport de Salt Lake, King prévint son équipe d'investigateurs que Delinda Cross devait être reconduite à son domicile et qu'un groupe d'intervention devait veiller sur elle le temps qu'elle se remette de son hospitalisation. Durant le voyage du retour, elle avait tenté de masquer ses douleurs abdominales. Elle avait quitté l'hôpital trop tôt. Ce qu'il lui fallait, c'était du repos.

Je me sens toute bizarre, lui confia t-elle.

Elle lui expliqua que tout allait bien mais qu'elle ressentait une étrange sensation dans son corps, un peu comme lorsqu'on était malade, fiévreux, et que les antibiotiques administrés commençaient tout juste à combattre l'hôte maléfique auteur de ces maux indésirables. Elle avait cette sensation inexplicable d'avoir en elle un hôte invisible.

J'ai l'impression que mon corps combat quelque chose mais qu'il est malgré tout impuissant.Vous êtes sûr que vous allez bien ? Peut-être auriez-vous besoin de consulter un spécialiste ?Non, surtout pas.Je déteste les hôpitaux, ils sont froids et la mort est omniprésente. Grrr ! C'est vraiment pas mon truc, lâcha t-elle en frémissant.

Nous avons au moins un point en commun, se dit King.

Ils se séparèrent sur le parking de l'aéroport. Elle lui promit de le rejoindre au bureau, après quelques heures de sommeil et une douche.

Je ne lui ai rien demandé, pourtant elle me fait cette remarque comme s'il lui était indispensable d'être auprès de moi dans ces instants difficiles et de doutes.


En quoi seriez-vous confronté à des moments difficiles, agent King ?Il me fallait désormais faire le point avec le reste de mon équipe, et rédiger mon compte-rendu d'enquête. Je ne savais pas par où commencer et comment rendre mes explications claires et compréhensives. Je dois préciser que ce ne fut pas une tâche des plus simples.Hum ! Pourtant les formes y ont été mises puisque ce rapport a réussi à capter notre intérêt.



Roberts avait entrepris toutes les démarches possibles et imaginables afin d'identifier le navire AXE LR D 42658 et de le positionner, mais en vain. Les nombreux armateurs présents sur la côte atlantique possédaient d'impressionnantes flottes de navires ayant des correspondances analogues à celui qui avait été décrit auprès de son supérieur. Ce n'est pas pour autant qu'il abandonna ses recherches. Il éplucha l'ensemble des sites Internet des fabriquants. Il s'introduisit de façon illicite dans les bases de données des revendeurs et consulta les dossiers techniques, les comptes clients et les contrats afin d'isoler une transaction financière douteuse concernant l'un de ces navires. La tâche était conséquente mais il espérait avoir un coup de pousse de Dame la Chance. Car il était convaincu que l'achat d'un rafiot à plusieurs millions de dollars avait forcément laissé des traces.

Quant à Perlman et Bensousan, ils étaient toujours isolés individuellement dans des salles d'interrogatoire. Les enquêteurs internes du Bureau les questionnaient au sujet de Lasky.

Les documents officiels concernant la cellule d'enquête, ainsi que tout l'étage administratif du Bureau, étaient passés au peigne fin par une armée d'experts. La situation que vivait le Bureau de Salt Lake était apocalyptique. Jamais ils n'avaient subi une telle pression. Non seulement, la menace terroriste n'était pas officiellement levée, mais les soupçons de trahison par Lasky persistaient. Comme dans toutes grandes administrations, d'autant plus une entité fédérale, le but de cette instruction n'était pas de déjouer les pièges pour mettre la vérité au premier plan, mais juste de faire tomber quelques têtes. Et pour s'être retrouvés au mauvais moment au mauvais endroit, Bensousan et Perlman étaient dans la ligne de mire de la commission des affaires internes.

King s'entretint quelques instants avec Roberts, le débriefing fut rapide et concis, puis il se mit à l'écart pour rassembler ses notes et entamer la rédaction de son compte-rendu. Mais son esprit était troublé, non pas par cette masse d'informations qu'il lui fallait encore digérer et consigner noir sur blanc, mais obsédé par le souvenir de Cross.

L'agent fédéral ne se laissa pas divertir davantage et commença à coucher sur le papier tout ce qui s'était produit depuis le moment où Lasky l'avait contacté, quatre jours plus tôt. Sur chaque page écrite il apposait le cachet officiel du Bureau avec une mention particulière pour spécifier la nature du document.

DOSSIER TOP SECRET.


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