LVIII

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23 Décembre. 07H41.

Cathédrale Saint-Matthieu.

1725. Rhode Island Avenue. Washington D.C.




King réussit à dormir quelques heures. Ce n'était pas du luxe. Son esprit arrivait encore à analyser les faits mais son corps ne répondait plus à ses ordres. Il n'y avait quasiment plus d'interactions neuronales entre son esprit et ses muscles. Plongé dans un profond sommeil, il se perdait dans des rêves où des vimanas s'aventuraient à envahir la planète par centaines, et desquels sortaient des humanoïdes de grandes tailles. Les Néfilim reprenaient possession des lieux, provoquant une hystérie mondiale. Ils venaient vérifier ce que l'homme avait bien pu faire des dons dont ils l'avait doté.

Il se réveilla dans un sursaut.

Ses rêves l'avaient conduit dans des lieux et des situations totalement imagés. A son réveil, il lui fallut plusieurs secondes pour comprendre qu'il ne s'agissait là que de la transposition intellectuelle de ce qui lui avait été révélé récemment. Tout se bousculait maladroitement dans sa tête. Un masque de sueur recouvrait son visage. Il s'empressa de s'essuyer d'un revers de manche. Il se redressa et s'étonna que l'ensemble de son corps baignât dans ses sécrétions corporelles. Ses rêves avaient généré un accroissement incontrôlable d'adrénaline et c'est tout son être qui fut l'objet d'une démonstration subconsciente. Son souffle était saccadé et son rythme cardiaque s'emballait.

Il se réfugia instinctivement autour d'une tasse de café que Martinez venait de lui servir. Tout revint alors dans l'ordre.

Le prêtre lui proposa de se rafraîchir les idées et lui indiqua un bénitier creusé dans le mur.

Il n'y a donc pas de salle de bain dans cette église ? Se désola King. Ne fais pas le difficile. De toute façon, l'importance de l'enquête t'interdit de te plaindre et de perdre du temps à prendre soin de toi.

Le flic but son brevage d'une traite, puis il se réfugia vers cette source d'eau. Il se débarbouilla, faisant ruisseler l'eau claire et tiède entre les poils d'une barbe naissante. Il se frictionna le visage énergiquement. La journée serait longue. Encore.

Il tendit une main en arrière, comme par réflexe naturel et, sans s'y attendre, une serviette lui fut remis.

Il s'essuya le visage en soupirant longuement.

Bordel ! Ca fait du bien.

Il se retourna et constata qu'il était seul dans la pièce. Martinez avait disparu.

Il attendit un instant, profitant de ce moment de liberté pour jeter un coup d'oeil sur les étagères qui ornaient les murs de la salle. Il vit de plus près ces majestueux ouvrages anciens. Il y en avait de toutes sortes, principalement des écrits ésotériques et religieux, mais aussi des œuvres historiques et médiévales, quelques livres concernant la mythologie grecque, nordique et romaine, et une multitude d'exemplaires de la Bible traduite dans différentes langues. Il se fit même la réflexion qu'il soit étonnant de découvrir un exemplaire de la Bible de Gutengergi dans un endroit pareil.

Il n'eut pas le temps de s'attarder davantage car Martinez fit son apparition, accompagné de son ami historien.

Le personnage, de taille moyenne, avait les cheveux grisonnants et fourchus, entremêlés telle une pelote de laine, s'affichant anarchiquement au dessus de sa tête, ses yeux noirs et perçants faisaient de lui un nounours, sans compter son faciès rondouillard et chaleureux. Cet individu, la cinquantaine bien tassée, se présentait dans un chandail en côtes multicolore typique de la culture anglosaxonne, son pantalon en velours de couleur vert bouteille était trop large pour lui et lui procurait un style jeanfoutiste qui lui collait bien.

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