XXXIV

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La nuit était tombée sur la Capitale. Le froid s'invitait au cœur des ruelles et un vent glacial sifflait en bourrasque tel un venin se répandant dans les artères de la ville. Les services d'ordres et de secours veillaient à ce que les automobilistes ne tombent pas en panne et n'aient pas à passer la nuit dans leur véhicule, que les sans-domiciles puissent accepter d'être logés dans un foyer, et que les washingtonniens passent la soirée en toute sécurité. Les flashs météo n'avaient cessé d'émettre des avis de tempête durant toute la journée. Le climat était des plus alarmiste. Comme à son habitude à cette époque de l'année, l'hiver avait élu domicile sur toute la côte Ouest des états-Unis. Mais les Américains y étaient habitués, en revanche ce qu'ils redoutaient, plus que la neige et le verglas, c'était la baisse excessive des températures. Cette nuit encore, il était annoncé des chiffres négatifs, entre moins dix et moins douze degrés.

Heureusement que certains n'avaient pas à s'en inquiéter. Toute l'équipe de chercheurs, accompagnée de l'agent King et de la journaliste Delinda Cross, s'étaient réfugiés dans un lieu douillet et confortable, à l'abri de toutes sortes d'intempéries.

Certains exposaient leurs théories, tandis que d'autres restaient ébahis par ce qu'ils découvraient. Un nouveau monde s'ouvrait à eux. Un monde dans lequel la foi et la religion étaient reléguées au second plan face à la science et à l'archéologie moderne. Les experts en néo-évhémérisme discutaient ouvertement de ces Néfilim qui étaient peut-être à l'origine de la vie sur Terre. Aux yeux des deux néophytes, cela ne faisait plus de doute, les preuves étaient accablantes. King avait beau remettre en question et douter des éléments dont disposaient Winter et ses camarades, il n'en restait pas moins un homme de science. Même si son domaine d'expertise se limitait à l'étude des matières nucléaires et aux technologies permettant l'élaboration des bombes atomiques, il n'en avait pas pour autant perdu son esprit de curiosité. La même curiosité qui donnait un sens à sa vie et le poussait à savoir comment et pourquoi les choses fonctionnaient. Là aussi, sa vision devait s'ouvrir et son âme de chrétien repenti devait accepter l'inévitable. Ces individus, face à lui, avaient démantelé et réduit à néant le concept de Dieu avec la plus grande simplicité.

Et Winter qui ne cessait, inlassablement, de nourrir leurs esprits d'éléments tous plus extraordinaires les uns que les autres dans le but d'alimenter ses opinions. Le pire, c'est que l'ensemble de ses dires étaient vérifiables par tous. Tout se présentait sous les yeux des deux candides, il ne leurs suffisait que d'ouvrir leur imaginaire et de laisser y entrer ces vérités disparates.

La forteresse de Sacsayhuaman fut construite dans un but défensif. Mais quel ennemi ou quel animal obligerait les Incas de l'époque à élever un bastion militaire aussi impressionnant ? Certains pseudo-spécialistes, des gars qui ne connaissent que le doux réconfort de leur bureau, insista Winter quelque peu amère par les propos de ses détracteurs, s'invitent à dire que la cité aurait été bâtie sur une période de cinquante ans et aurait nécessité 20.000 hommes. D'où les Incas auraient-ils sorti 20.000 hommes pour construire un tel édifice alors qu'ils se bataillaient pour défendre leur territoire contre l'invasion espagnole ? C'est une foutaise. En revanche, ce qui est sûr, c'est que la forteresse ne fut pas réalisée d'une seule traite. C'est l'inca Pachacuteci qui, suite à l'attaque de Cuzcoii, commanda à son architecte Huallpa Rimachiiii de façonner les plans de ce monstre de roches. Son modélisme est remarquable car vu du ciel le site représente une tête de puma, un animal sacré par les Incas. Ce monument gigantesque est composé de trois remparts parallèles, disposés en zigzag, lesquels sont constitués de blocs monolithiques dont le plus grand mesure pas moins de neuf mètres de hauteur, cinq mètres de largeur, quatre mètres d'épaisseur pour un poids avoisinant les trois cent cinquante tonnes. Extraordinaire, n'est-ce pas, surtout pour un peuple qui, encore une fois, n'avait aucune connaissance de la roue. Alors comment ont-ils transporté un bloc de roche aussi lourd et imposant. En 1533, un chroniqueur espagnol écrivait ces quelques mots en parlant de ces lieux pleins de mystère et de magie.

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