« [𝓣𝓸𝓶𝒆 𝟐 𝓢𝓝𝓚] ℒ𝒆𝓼 𝓐𝓲𝓵𝒆𝓼 𝓭𝒆 𝓵𝓪 ℒ𝓲𝓫𝒆𝓻𝓽𝒆́ »

Chapitre 75 : Famille maternelle

*23 août 850 — soir*

- Donc, si je comprends bien, ma tante est décédée d'une overdose il y a seize ans ?

L'abattement d'Eren me fit mal au cœur. Il avait mis tant d'espoir dans cette recherche, dans cette découverte sur une tente qu'il ne connaissait pas — ses parents ne lui en avaient pas parlé pour éviter toute question, et surtout parce que sa mère ne s'était pas remise de cette perte —, et maintenant qu'il avait appris le décès et tout ce qu'il y avait à savoir, c'est comme si le ciel lui était tombé sur la tête pour le narguer à plein temps.

Il se reprochait de ne s'être rendu compte de rien, de ne pas s'être aperçu de cette tristesse inattendue qui avait certaines fois saisi sa mère, dans le courant de son enfance. Et aussi ses grands-parents maternels, aujourd'hui décédés. (Tous deux étaient décédés paisiblement chez eux en 843.)

Le fait d'avoir deux cousins, les derniers vestiges de sa tante disparue, lui redonnait néanmoins un peu d'espoir. Tout n'était pas perdu.

Peu de temps après le retour de la réunion avec les autres corps d'armée à Ehrmich, en compagnie du Major, du couple Ackerman-Laguerra, Hansi, Kovu et Akiko, et avoir ramené Kolya à sa mère avant de récupérer mon fils adoptif et mon loup chez le père de Loretta — ils m'avaient fait une fête du tonnerre —, et la visite auprès des onze villageois de Yorkshire réfugiés à Trost depuis cinq ans, j'étais rentrée au quartier général après les autres supérieurs. L'heure du dîner approchait à grand pas. Au détour d'un couloir, la chance m'avait fait mettre sur le chemin de Marlowe et Jean, qui parlaient de la future expédition.

Jean m'avait fait savoir que la « tête brûlée » était consignée en cuisine, avec Armin, Sasha et Cara. Il y avait également des recrues arrivées depuis peu au sein du Bataillon d'exploration, mais je n'avais pas retenu tous les noms. Le plus important était d'informer notre chère tête brûlée sur les infos concernant Marnie Hautot.

Eren était justement en train d'éplucher des patates, et d'essayer de retenir Sasha de ne pas bouffer tout ce qui serait prévu pour le dîner — Cara et Armin lui prêtaient main forte —, en arrivant dans la cuisine. Discrètement, je m'étais approchée de mon ami pour lui parler seul à seule. Une lueur de curiosité avait éclairé ses yeux en entendant le nom de sa tante, il m'avait donc suivi.

C'est donc loin des oreilles indiscrètes, dans un coin de la cuisine, que je lui avais expliqué tout ce que Sinise m'avait raconté, en lui donnant le papier.

Apparemment, dès sa quinzième ou sa seizième année d'existence, Marnie Hautot avait commencé à traîner avec des garçons plus vieux ; elle rentrait très tard le soir, et il était même arrivé qu'elle disparaisse parfois de la maison pendant plusieurs jours. En très peu de temps, après le début de sa crise existentielle, elle était sortie avec plusieurs garçons, elle s'était fait faire un piercing sur l'une des oreilles, et les parents de la mère et de la tante d'Eren étaient allés chercher leur fille cadette à la prison militaire plus d'une fois. La Garnison et les Brigades Spéciales stationnées à Shiganshina connaissaient le nom de Marnie Hautot et sa mauvaise réputation. Et, évidemment, cela avait énormément attristé sa famille, et ajouté à cela l'incompréhension et la colère.

Personne ne comprenait pourquoi la deuxième fille des Hautot était passée de la fille joyeuse et excentrique à la pire des garces. Pas même sa propre famille. Les grands-parents d'Eren étaient désespérés, ils ne savaient pas comment faire pour ramener leur enfant sur le droit chemin. Et Carla, qui devait en plus soutenir ses parents pour ne pas qu'ils soient davantage attristés par la situation, comprenait leur réaction — c'était dur à accepter.

Quand les parents d'Eren s'étaient rencontrés par le biais de Shadis, en septembre 832, Marnie avait fui la maison familiale depuis longtemps. Rejoignant le District de Kralva, à l'ouest du Mur Rose, elle avait continué là-bas ses mauvaises habitudes, refusant de plus de donner des nouvelles à sa famille. Drogue, médicaments, sortir avec plein de garçons, rien ne pouvait plus l'arrêter. Même après la naissance de ses enfants, Cyrus en 830 et Lindsay en 832, de deux hommes différents. De plus en plus auto-destructrice, sa santé en pâtissait davantage.