Chapitre 74 : Marnie Hautot

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//FLASH-BACK DU 15 AOÛT 850\\

- Ça devra attendre, capitaine Rosenberg, s'éleva soudain une voix non loin de nous.

Ma sœur s'était littéralement liquéfiée sur place. Quant à moi, mes membres s'étaient comme rigidifiés. Prises comme nous étions dans la conversation, et la joie des premiers mots d'Athos, nous n'avions pas remarqué que le sergent Shadis s'était approché de notre position. Quelle andouille j'étais ! Et pour Théa, elle risquait de gros problèmes pour avoir séché l'entraînement.

Ça n'avait pas loupé, d'ailleurs. Shadis darda sur elle un regard qui ne demandait aucunement de répliques.

- Théa Rosenberg, tu étais censée être en entraînement avec le reste de tes camarades. Puis-je connaître la raison de ta présence ici ?

Évidemment, Théa ne pouvait pas s'inventer d'excuses car elle savait qu'elle était en tort. En me rejoignant, après avoir eu la confirmation de ma présence par deux de ses amis, elle risquait un blâme pour cette désobéissance.

Je me sentais vraiment mal pour ma sœur. La pauvre cherchait ses mots pour tenter d'expliquer, c'était peine perdue.

- Eh bien, je...

- C'est à cause de moi si elle a raté la suite de son entraînement.

Tous les regards se tournèrent aussitôt vers moi, un étonnement ferme mais discret dans celui du sergent, et l'effroi chez ma sœur.

- Je sais, je sais, je n'aurais pas dû abuser de ma position pour entraîner Théa discrètement, sans le consentement des instructeurs, mentis-je en essayant de ne pas montrer qu'effectivement, c'était un gros mensonge. Je connais les conséquences. Et ma sœur également, elle m'a répété qu'on aurait de gros ennuis...

- Effectivement, capitaine, vous prenez d'énormes risques, confirma le sergent Shadis. Vous savez que vous risquez votre poste, en cas de mensonges aggravés ?

- Et j'en assumerai l'entière responsabilité. Là-dessus, je me porte garante, je vous assure. Comme nous étions parties un peu « en mauvais termes », la dernière fois, je voulais profiter de notre passage ici pour lui parler.

Bien sûr, c'était un mensonge éhonté. Un mensonge, avec, cependant, une part de vérité. Il est vrai que je voulais parler à ma sœur au cas où je la croiserais (si, bien sûr, elle en avait envie). J'étais bien loin de me douter qu'elle déciderait par elle-même de me retrouver, après que ses amis m'aient aperçue au loin.

Athos, pendant ce temps, se cachait derrière mes jambes, regardant ce qui se passait. Le physique d'ours du sergent-instructeur lui faisait peur, et je pouvais comprendre.

Par chance, Anna, qui était la seule à être restée auprès du sergent (le reste de l'escouade était partie des Brigades d'entraînement), apparut avant que ça n'aille trop loin.

- C'est bon, Major Shadis, je pense qu'elles ont compris la leçon, intervint-elle. Ça peut arriver, de faire des erreurs.

Son intervention nous avait sauvé la vie à toutes les deux. Je ne me voyais pas en train d'inventé un autre « mensonge ». Et, de toute façon, l'inspiration m'avait un peu abandonnée. C'était un véritable soulagement.

La dernière fois que Théa avait vu le capitaine Laguerra, remontait à quelque temps avant l'expédition Extra-Muros de début mai 845, cinq ans auparavant, à l'âge de huit ans. Normal qu'elle ne se souvienne pas d'elle. Elle le fit remarquer, d'ailleurs, lorsqu'on en toucha deux mots. Loin de lui en vouloir, sachant que c'était normal de ne pas se souvenir de tout quand on était enfant, Anna posa une main sur la tête de ma sœur pour la rassurer. La bienveillance de la capitaine contrastait largement avec la personnalité plus distante du caporal.

« [𝓣𝓸𝓶𝒆 𝟐 𝓢𝓝𝓚] ℒ𝒆𝓼 𝓐𝓲𝓵𝒆𝓼 𝓭𝒆 𝓵𝓪 ℒ𝓲𝓫𝒆𝓻𝓽𝒆́ »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant