Chapitre 62 : La vraie reine de ces Murs

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*27 juin 850*

J'avais appris beaucoup plus tard qu'Erwin avait posé cette question, « si les Métamorphomages nous donneraient un coup de main après leur aide à la caverne », afin de détourner l'attention. C'était une façon de nous protéger, mes frère et sœur, Anna, moi, et par extension Sinise et son fils, des Sans-Éléments. (C'est Cara qui avait expliqué l'existence d'Eyden Sinise, et que Sinise lui-même avait fini par confier cette information, au bar, après l'attaque de Kenny.)

Erwin était venu m'en parler, après la réunion. Il s'était excusé de m'avoir prise de court. Ma mère lui avait fait promettre de ne rien révéler sur notre clan, il y a longtemps, et il avait tenu sa promesse depuis.

Pour être honnête, j'aurais apprécié qu'il m'en fasse part avant de me causer une crise cardiaque, pendant la réunion. La manière dont il avait tourné la question avait donné l'impression qu'il dévoilait ouvertement mes origines.

Et je n'avais pas été la seule — Anna avait passé un sacré savon au Major (une fois loin des oreilles indiscrètes), et Annelies avait pleuré dans mes bras, croyant que nous étions fichus.

D'ailleurs, il avait semblé que Buck et Bambi — et aussi Capone, le furet d'Anna dont j'avais complètement oublié l'existence, avec les derniers événements — avaient bien fait savoir leur mécontentement, eux aussi. À leur manière, bien sûr.

En tous les cas, ma réponse — « On ne trouve pas les Métamorphomages, ce sont eux qui nous trouvent. » — avait déstabilisé la Garnison. Et au même moment, une voix avait résonné à travers la salle de conférence comme s'il y avait un porte-voix (on pouvait dire que la télépathie des Métamorphomages aidait plutôt bien, dans ce genre de situation, pour ne pas se faire griller, et j'étais heureuse d'utiliser ce « tour de passe-passe ») :

« Nous allons vous aider, soldats de la
population Intra-Muros. Maintenant que le
gouvernement corrompu et ses sbires ont été arrêtés
et mis hors d'état de nuire définitivement, et que les
persécutions envers notre clan et ceux des asiatiques
et des Ackerman s'éteignent avec eux, il est grand
temps pour nous de revenir à la lumière. Vous
avez intérêt à être à la hauteur... auquel cas,
nous nous chargerons de vous envoyer notre courroux en représailles ! »

Vous auriez dû voir la tête de la Garnison ! Si l'escouade tactique venait de découvrir la télépathie des Métamorphomages, les soldats à la rose en étaient tombés de haut. Et quand ils avaient compris que ce n'était définitivement pas une blague, et qu'ils se mettraient mon clan à dos s'ils ne respectaient pas les consignes à la lettre (ou s'ils s'avéraient tout autant être des connards manipulateurs comme Rhodes Reiss et le reste du gouvernement), ils ne pouvaient plus reculer.

Avec le recul, c'était vraiment très drôle de les voir regarder autour d'eux en essayant de découvrir qui avait parlé (sans savoir que trois Métamorphomages se tenaient en face d'eux). Mais, au vu de la situation, le rire n'était pas au rendez-vous.

Quelques heures plus tard (encore une autre nuit blanche, la seconde d'affilée), l'aube remplaçait la nuit infernale que l'escouade avait traversée. L'armée était déjà aux aguets en haut du mur, une partie de la Garnison et la poignée du Bataillon d'exploration venue jusqu'à Orvud, accompagnée de nombreux canons pour vaincre l'immense menace représentée par le Titan Déviant qu'était devenu Rhodes Reiss. D'ailleurs, ce dernier approchait désormais des remparts d'Orvud. Trop dangereusement. La vapeur ainsi que sa taille démesurée se voyaient à des kilomètres ; il fallait être aveugle pour ne pas l'apercevoir.

 La vapeur ainsi que sa taille démesurée se voyaient à des kilomètres ; il fallait être aveugle pour ne pas l'apercevoir

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