Chapitre 78 : Départ pour la reconquête

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*29 août 850*

- Hep. C'est pas bientôt fini, ce bordel, les merdeux ?

La seconde d'après, ce fut le caporal-chef qui mit fin à la bagarre - et à l'exaltation des soldats -, en usant lui-même de la violence sur Eren et Jean. D'abord un coup de genou dans le ventre du premier, puis un coup de poing dans le ventre du second. Les deux furent projetés à deux points opposés, salement amochés et, cette fois, complètement H.-S. Aucun des deux n'avait la force de se relever, après une « intervention » musclée comme celle-là.

Un silence de mort remplaça les encouragements et l'exaltation des soldats (personne n'avait envie de se mettre le soldat le plus fort de l'Humanité à dos), et je fus intérieurement soulagée car, pour une fois, ce n'est pas moi qui venais d'arrêter mes deux amis.

- Vous êtes tous beaucoup trop bruyants, annonça le caporal sur un ton glacial. Allez vous coucher. Et nettoyez-moi ce merdier.

- À vos ordres, caporal !

À cause du coup, Jean eut un haut-le-cœur et vomit sur le sol tout le dîner, en gémissant de douleur. Eren n'était pas en meilleur état que lui. C'était le prix à payer lorsqu'on causait beaucoup trop de raffut, et que ça ne vienne pas à l'esprit que ça se retourne contre soi tôt ou tard.

Alors que j'aidais à nettoyer, Anna, qui discrètement s'était approchée de notre table, me prévint que quelqu'un m'attendait. Il patientait vers une porte discrète du quartier général du Bataillon d'exploration, loin des « murs qui ont des oreilles ». Je l'en remerciais avant de filer à la porte en question. Là-bas, je retrouvais le père de Loretta, avec, à ma grande surprise, Sinise. Il avait certainement dû retrouver Monsieur Costello, et lui demander comment me rejoindre au quartier général, en toute discrétion.

Comme, à part le reste de mon clan et quelques rares personnes de confiance, qui savaient pour son statut de Sans-Élément, on le cherchait, mieux valait pour lui de rester discret.

Si j'avais voulu me mettre en colère pour cet « acte » éhonté, je l'aurais certainement fait. Cependant, ce n'était pas le bon moment, et en plus, Athos était avec les deux hommes. Le bonheur de le voir fit disparaître les angoisses de mon visage. Mon fils, d'ailleurs, en m'apercevant, eut les yeux qui s'illuminèrent et il s'écria avec un ton joyeux :

- Maman ! Tu es enfin venue !

Et il se précipita pour se jeter dans mes bras, empli de joie. Revoir mon fils après une longue journée me fit le plus grand bien. Le père de Loretta vint me voir et m'apprit que Sinise était effectivement venu le trouver, dans la maison où sa fille et lui vivaient depuis la chute du Mur Maria, et qu'il devait me parler de toute urgence. Loretta terminerait tard, ce soir, elle ne rentrerait pas tout de suite.

- On ne pouvait pas laisser les garçon seuls à la maison, ajouta Monsieur Costello, en citant Eyden et Athos. Annelies a emprunté Buck pour se tranquilliser, sur le chemin de l'Infirmerie Médicale Indépendante, et pour quand ma fille et elle rentreront de leur garde. Les garçons nous ont donc accompagnés.

Eyden, le garçon de huit ans de Sinise, s'approcha timidement et s'accrocha à moi, cherchant un quelconque réconfort fraternel.

Sa mère était morte en couches en lui donnant la vie. À part son père, il ne connaissait aucune figure maternelle à qui se référencer. Et dû au fait que tous deux soient des Sans-Éléments (donc, des membres du clan des Métamorphomages ne possédant aucune maîtrise ni tenue et ailes, mais gardant quand même les visions et les sens sur-développés), ça n'aidait en rien Eyden à s'intégrer. À se rapprocher des autres enfants de son âge. Cette différence complexait et, à la fois, causait une souffrance permanente chez le jeune garçon, qui avait compris assez tôt sa condition.

« [𝓣𝓸𝓶𝒆 𝟐 𝓢𝓝𝓚] ℒ𝒆𝓼 𝓐𝓲𝓵𝒆𝓼 𝓭𝒆 𝓵𝓪 ℒ𝓲𝓫𝒆𝓻𝓽𝒆́ »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant