« [𝓣𝓸𝓶𝒆 𝟐 𝓢𝓝𝓚] ℒ𝒆𝓼 𝓐𝓲𝓵𝒆𝓼 𝓭𝒆 𝓵𝓪 ℒ𝓲𝓫𝒆𝓻𝓽𝒆́ »

Chapitre 28 : Blessures et plan

*7 mai 850*

Une sorte de panique générale se fit entendre dans les couloirs à tout juste six heures du matin, ce qui causa brutalement mon réveil. Pour une fois j'avais mieux dormi la nuit dernière (sans doute parce que cette petite « réunion familiale » de la veille avait aidé ?). En tout cas, les pas précipités à travers les couloirs vides et un nouveau pressentiment oppressant ma poitrine avait eu raison de cette bonne nuit de sommeil ; je m'étais redressée d'un coup dans le lit, en alerte et « aussi fraîche qu'un pinson », comme dirait ma mère, en me demandant ce qui se passait. Buck ouvrit les yeux en me sentant bouger. Encore couché au bout de mon lit, il gémissait doucement comme s'il était intrigué par ce lever soudain.

Annelies dormait encore. Je fis donc très attention à ne pas la réveiller quand je sortis du lit et que je me hâtai de m'habiller. Ça devait être suffisamment grave pour qu'il y ait un tel grabuge à l'aube.

À mon loup qui s'apprêtait à sauter du lit et me suivre, je lui ordonnai de rester auprès d'Annelies encore endormie dans son lit. Et par chance, je réussis à faire taire Bambi qui allait pousser un hululement de mécontentement d'avoir été dérangé. Je ne tenais pas à inquiéter Annelies inutilement. Ça pouvait bien être une fausse alerte.

Le haut même pas rangé dans le pantalon, la veste pas mise, les yeux encore bouffis par le sommeil, les cheveux ébouriffés, c'est comme ça que je sortais de ma chambre. Au milieu de la cavalcade dans les couloirs, mon chemin croisa Gunther qui, par le même temps, apprit à mon frère et Navin de la nouvelle passant à travers le château.

- Ah, tiens ! Julia, tu tombes à pic, dit le brun en me voyant débarquer près d'eux, je disais à nos « disparus » l'intrusion d'un homme qui ne fait pas partie de l'armée dans le quartier général.

Une intrusion ?

Qu'est-ce qu'il racontait ? Est-ce par rapport à Eren ? Impossible, seuls les hauts-gradés du Bataillon étaient au courant que l'escouade Livaï le surveillait vingt-quatre heures sur vingt-quatre, depuis le procès du 4 mai où l'on l'avait confié au caporal. Alors, comment l'information avait-elle fuité ?

- Je ne sais pas si tu es au courant, mec, mais Julia doit se douter la gravité de la situation, souligna Navin.

C'est à ce moment que les trois virent ma tenue actuelle, mais ils ne firent aucun commentaire. Bien qu'ils savaient parfaitement que ça ne plaira pas forcément au caporal-chef quand il m'apercevra ainsi.

Mon frère mit un terme à la conversation et demanda où était Annelies. Je lui expliquai que je l'ai laissée dans ma chambre, en compagnie de Bambi et de Buck, le temps de m'assurer sur le déroulement des événements sans lui causer quelque souci. Qu'elle se fasse du mouron était la dernière chose que je lui souhaitais.

- On en parlera plus tard, les jeunes, coupa Gunther. En attendant, on ferait mieux de se dépêcher de rejoindre les autres. Le caporal n'aime pas que nous soyons en retard.

Si on m'avait dit que « l'intrus » serait quelqu'un que je connaissais - et encore moins l'informateur m'ayant aidé à monter un petit dossier sur Vassago -, et qu'il se tournerait vers moi couvert de blessures, aucun doute que je serais tombée des nues. Ce que je pouvais vous assurer, c'est qu'il était la dernière personne à laquelle je songeais en nous rendant jusqu'à l'entrée. On se disait que les Brigades Spéciales, le Culte des Murs, ou même un anti-Titan, avaient je ne sais comment réussi à retrouver notre trace. C'est une chose d'agir et de penser sous la peur, face à la nouveauté, c'en est une autre de passer réellement à l'action... même s'il existait de rares exceptions où le comportement était inacceptable. (Comme Kitts Werhman, ou la majorité des soldats corrompus des Brigades Spéciales.) Il y avait néanmoins une chose que je savais : le Major Erwin était trop consciencieux et clairvoyant pour laisser échapper des fuites.