Chapitre 12 : Altercation

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*12 décembre 847*

Le marché du District de Trost était bondé comme jamais ! A l'instar de tous les marchés de chaque District, au moment de Noël, vous pouvez être certains que les gens faisaient les courses pour les fêtes ; à Shiganshina, c'était la même chose. Ça remontait à tellement loin, maintenant, le dernier marché de Noël à Shiganshina... Le dernier remontait à décembre 844. Soit quelques mois avant la mort de ma mère, et la chute du Mur Maria et l'enlèvement. C'était d'ailleurs le moment où les pickpockets en profitaient pour commettre leurs délits, en volant les achats des personnes qui venaient de les acquérir.

Enfants, maman nous emmenait toujours faire le marché, mon frère, mes sœurs et moi, même pendant sa dépression (après la mort de mon père, le docteur Jäger avait conseillé qu'elle prenne l'air pour ne pas s'enfoncer davantage dans cette spirale infernale). A Noël, elle semblait reprendre des couleurs. Elle tenait encore grâce à l'amour pour ses enfants.

Mais tout ça avait brusquement pris fin... par la faute d'une certaine personne, dont le simple nom me hérissait le poil.

En marchant à travers les étales avec Monsieur Costello, un homme étrange attira mon attention. Ce n'était pas Giacomo Sinise, mais celui-là était suspect. Très suspect. Peut-être faisait-il partie des hommes de Vassago ? Je devais en avoir le cœur net — mais le père de Loretta n'acceptera jamais que je me mette en danger seulement pour une simple supposition. Un sentiment compréhensible, au vu de ce qui était arrivé à ma famille.

Pourtant, il fallait le faire. Si je ne le faisais pas, je le regretterais certainement et une telle occasion ne se représentera jamais.

Une décision devait être prise dans les plus brefs délais...

Pour ça, il n'y avait pas à tortiller pour pondre droit.

J'annonçai à Monsieur Costello avoir cru voir quelqu'un que je connaissais, et qu'il fallait que je vérifie par moi-même. Il essaya de me convaincre de m'accompagner, mais j'avais refusé net. Je lui promis de nous retrouver plus tard à l'hôpital de Trost, pour voir Loretta. Nous nous séparâmes ainsi. L'homme avait déjà pris une longueur d'avance quand je finis par retrouver sa trace quelques minutes plus tard ; il regardait constamment à droit et à gauche qu'il n'était pas suivi, alors je gardais mes distances et je me cachais derrière des passants pour ne pas me faire repérer. L'art de la filature était appris chez les membres de mon clan, c'était parfait pour suivre quelqu'un sans se faire repérer... et obtenir des informations.

L'homme finit par tourner dans une ruelle peu fréquentée. Je le suivis, toujours sans me faire remarquer. J'allais certainement regretter mes choix par la suite, mais tant pis — au point où j'en étais, il n'y avait plus de marche arrière possible. Serrant toujours contre moi la besace de maman (avec les journaux des quatre prédécesseurs et le mien, les gants, le chèche, la peluche et le collier), mes doigts glissèrent sans problème dans une cache secrète et sortirent un couteau avec la marque de mon clan sur le manche.

Des ailes et un loup.

Logos du clan, avec la référence de l'instinct, de l'intelligence, de l'appétit de liberté et de l'importance des liens sociaux de l'animal totem qu'était le loup.

Vassago et ses hommes ne savaient pas à quoi s'attendre, avec les membres du clan dont je faisais partie.

Ils allaient amèrement regretter leur venue au monde.

Après quelques minutes de marche, l'homme tourna une nouvelle fois et les pas semblèrent s'arrêter enfin. Je m'approchai lentement du bout de la ruelle en me plaquant contre le mur, toujours aussi silencieuse et marchant à pas de loup. Des voix parlèrent à voix basse tout d'un coup, mais, d'après le ton, la colère se faisait ressentir ; un autre home avait rejoint celui que je filais. A entendre la voix, un homme d'âge mûr, dans la cinquantaine d'années, rien à voir avec mon « homme » qui avait vers la trentaine. Et le plus drôle... c'est que l'incantation dans la voix du cinquantenaire me rappelait vaguement quelque chose.

« [𝓣𝓸𝓶𝒆 𝟐 𝓢𝓝𝓚] ℒ𝒆𝓼 𝓐𝓲𝓵𝒆𝓼 𝓭𝒆 𝓵𝓪 ℒ𝓲𝓫𝒆𝓻𝓽𝒆́ »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant