Chapitre 8 : Hauts-gradés

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*6 juillet 847*

Quatre jours étaient passés depuis les événements avec les tueurs qui nous avaient pris en chasse, mon groupe et moi. Avec Armin, Reiner, Berthold et Jean, nous avions été interrogés séparément par le sergent Shadis et les instructeurs, le soir du 2 juillet ; il fallait un rapport complet qu'il faudra transmettre ensuite aux branches d'armée et au généralissime à tout prix. L'affaire était suffisamment grave pour échanger les infos à travers l'Armée. Même si, pour ma part, les Brigades Spéciales ne méritaient pas de faire partie du lot. Je voulais en plus garder pour moi les révélations que m'avait faites Cobra, avant de changer d'avis grâce à Armin (le seul au courant). Selon lui, il fallait que j'en parle au sergent Shadis, ou ce serait considéré comme de la dissimulation de preuve. Mon meilleur ami avait raison, mais une partie de moi craignait la réaction de mes supérieurs : je ne voulais pas que tout le monde soit au courant de mon clan.

J'avais fini par en parler au sergent Shadis au cours de l'interrogatoire. A l'entente de ces révélations troublantes concernant mon clan et la « fuite » d'Annelies, Viktor et Navin (personne ici présent n'avait de preuves pour confirmer les dires de Cobra), il semblait sincèrement confus et choqué. Je ne l'avais jamais vu réagir de la sorte auparavant. Son comportement m'avait surprise car, d'habitude, c'était le genre à n'arborer qu'un visage à faire peur, et à aboyer des ordres.

Peut-être avait-il entendu parler de l'affaire tombée le même jour que la chute du Mur Maria le 8 mai 845 ? Les informations circulaient très vite au sein de l'armée. Les Brigades d'entraînement avaient certainement dû les avoir par le général Zackley en personne.

En tous les cas, le sergent Shadis m'avait patiemment écoutée parler jusqu'à la fin. Il avait annoncé qu'il ferait passer le rapport de mon interrogatoire et des dernières révélations aux hauts-gradés des trois corps d'armée, et que ces derniers viendront certainement à la base d'entraînement pour récupérer les tueurs et interroger à leur tour mon groupe.

Dans ma tête, je me disais : « Bon sang ! Ca veut dire que l'on croisera Naile Dork des Brigades Spéciales, Dot Pixis de la Garnison, et le brun du Bataillon d'exploration. C'est bizarre, je ne me souviens plus de son nom... »

Tu me diras, le diagnostic de l'amnésie avait fait que j'avais d'autres chats à fouetter, après la chute du Mur Maria. D'autres préoccupation en tête m'avaient fait ne pas trop songer aux anciens collègues de mon père (et aussi ceux de mon frère) au sein des Explorateurs, et, honnêtement, je n'avais pas envie d'y penser. Je ne voulais pas penser à ce qui se rattachait aux membres de ma famille, à l'époque. Et pourtant... pourtant, mon choix de corps d'armée n'a pas été influencé pour autant.

J'entrerai dans le Bataillon d'exploration, « les Ailes de la Liberté ».

Et je ferai tout pour assouvir ma vendetta contre Vassago.

Depuis quatre jours, les estomacs des garçons et moi se retournaient dans tous les sens à cause du stress. Armin, surtout, fut le plus stressé de nous cinq, bien que je n'étais pas loin derrière. Nous nous réunissions avec Berthold, Jean et Reiner assez régulièrement pour en discuter ; on se demandait ce qui se passera quand les hauts-gradés arriveront à la base d'entraînement. De quoi se faire des cheveux blancs ! Moi, je sentais qu'on allait bien « rigoler ». « Rigoler » dans le sens où ça allait se prendre le chou pendant trois plombes.

Connaissant les hauts-gradés, les points de vue divergeant chez chacun causaient pas mal de disputes entre eux, voire dans le même corps d'armée.

Même Jean ne semblait pas très rassuré à l'idée de faire face aux dirigeants de l'armée. Ca se voyait à sa tête ; c'était signe qu'il se rappelait encore le coup de boule qu'il avait reçu de Shadis.

« [𝓣𝓸𝓶𝒆 𝟐 𝓢𝓝𝓚] ℒ𝒆𝓼 𝓐𝓲𝓵𝒆𝓼 𝓭𝒆 𝓵𝓪 ℒ𝓲𝓫𝒆𝓻𝓽𝒆́ »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant