Chapitre 5 : Nouvelles inquiétantes

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*30 juin 847*

Plus le temps passait et plus ma réputation de « Déesse Foudroyante » dépassait les frontières de la base d'entraînement. Devenue la n°1 dans toutes les matières dont on nous apprenait (monter à cheval, le corps à corps, la manœuvre tridimensionnelle, le maniement des armes, la course à pied, la simulation de combat anti-titan, l'escalade, la randonnée et la stratégie), on commençait également à me surnommer « l'Historienne ». En cours de stratégie et en logistique, on nous avait demandé un jour de décrire l'histoire de l'humanité depuis la construction des Murs, et la hiérarchie des trois branches d'armée ; les recrues avaient eu un mal fou à faire leur rédaction, mais pas moi. On pouvait même dire que je m'étais éclatée ! Et je ne m'étais pas gênée non plus pour critiquer le fonctionnement des Brigades Spéciales... Les instructeurs avaient été impressionnés par le nombre de pages utilisées pour ma rédaction - un total de dix pages.

Ce n'était pas du tout prévu d'attirer l'attention de cette manière, et j'étais surtout très inspirée par le sujet. A partir de ce moment-là, le second surnom de « l'Historienne » devenait lui aussi une tendance. Tout le monde se demandait comment je pouvais connaître autant de choses.

De mon côté, je ne me leurrais pas sur moi-même et sur la situation. En aucun cas ce n'était mon caractère de me vanter ou de prendre de grands airs ; on ne m'avait pas élevée de cette manière. De bon cœur j'aidais et je prêtais mes affaires aux autres, et quand il y avait quelque chose que personne ne comprenait, j'expliquais ce qu'il fallait faire. Sans jamais rien demander en retour. Mon entourage savait pertinemment que ça n'était d'ailleurs pas mon trait de caractère de réclamer quoi que ce soit. Je me contentais seulement du peu que je possédais.

Maman nous avait appris tout ce qu'il fallait savoir, à mes sœurs, mon frère et moi, après le décès de mon père. Et, malgré sa dépression, elle avait fait un excellent travail concernant notre éducation. Je ne la remercierais jamais assez pour tout ce qu'elle avait fait pour nous quatre. Sa présence me manquait terriblement.

Était-elle vraiment heureuse du chemin que je choisissais ? Ne regrettait-elle pas ses choix ? Qu'avait-elle ressenti au fond d'elle-même, au moment de mourir, en sachant qu'elle nous laisserait tout seuls et que son suicide nous marquerait profondément ?

Moi, la première ? Moi qui étais très proche d'elle ?

Je ne connaîtrai jamais les réponses à ces questions. Et même en sachant que ce n'était pas à cause de nous si elle avait mis fin à ses jours, je ne pouvais m'empêcher de me le reprocher encore et encore. Si j'avais été plus réactive à l'époque, maman serait encore vivante aujourd'hui... Les lettres menaçantes de Vassago l'avaient poussée à faire un choix difficile.

Je poussai ma monture à galoper le plus vite possible. L'esprit embrouillé par l'inquiétude et la peur, je fus incapable de réfléchir correctement, tant ça me retournait les tripes dans tous les sens. Qu'avais-je donc fait pour ne mériter que des malheurs dans ma vie ? Qu'est-ce que ma famille avait fait ?

Hier, en fin de journée, le sergent Shadis m'avait convoquée à son bureau. On n'avait plus reparlé de ce qui m'était arrivé aux écuries, l'autre jour. Sans doute ne voulait-il pas insister en voyant que je n'en dirais pas davantage ? Ou alors, il gardait cet événement dans un coin de sa tête et il m'en toucherait deux mots une fois que je me sentirais en confiance ? Mais ce n'était pas la raison pour laquelle il m'avait convoquée. Shadis avait reçu la visite de deux soldats de la Garnison pour recevoir un message des trois amis de mon frère Viktor : Loretta était tombée gravement malade. Apparemment, une mauvaise grippe était passée par Trost et Loretta n'avait pas été épargnée. Plusieurs personnes s'étaient retrouvées clouées au lit, fiévreuses.

« [𝓣𝓸𝓶𝒆 𝟐 𝓢𝓝𝓚] ℒ𝒆𝓼 𝓐𝓲𝓵𝒆𝓼 𝓭𝒆 𝓵𝓪 ℒ𝓲𝓫𝒆𝓻𝓽𝒆́ »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant