• CHAPITRE CINQUANTE TROIS•

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— H —

— Angelina... laisse-moi au moins une chance de t'expliquer, je commence d'une voix que je ne reconnais pas.

— J'ai l'impression que tu passes ton temps à le faire, Hayden. Tu m'as...

Elle s'interrompt, visiblement à court de mots et sa détresse me touche d'une manière étrange. Je ressens sa douleur et le poids de la culpabilité m'écrase, même si ce n'était qu'un malheureux accident. Pourquoi cette situation m'affecte-t-elle à ce point ? J'ai l'impression de tomber dans un abîme sans fond. Tout ceci est entièrement de ma faute. Je m'en veux et j'en veux encore plus au monstre. Pourquoi fallait-il qu'il réclame sa part de sang et de souffrance alors qu'elle était dans mon sillage ? Je le déteste d'être ainsi présent dans ma vie. Je n'ai jamais désiré toute cette noirceur. J'aimerais lui dire que tout ira bien, que je la protégerai contre moi-même, mais je sais que ce serait un mensonge. Je ne peux protéger personne de ce qui sommeille en moi. C'est la raison pour laquelle j'ai toujours gardé mes distances avec elle. Je ne voulais pas qu'elle découvre cette obscurité, qu'elle s'y mêle et qu'elle devienne une victime de mon enfer personnel. Mais c'est trop tard maintenant.

— Je visais Aaron. Je ne t'ai pas vu t'interposer. Tu te doutes bien que je ne t'aurais jamais frappé volontairement, je me défends tout de même, comme si une part de moi ne souhaitait pas qu'elle me déteste entièrement.

— Je vous ai séparés parce que c'est ton frère et que tu allais le tuer à ce rythme !

— C'était, je rectifie. Pourquoi a-t-il fallu que tu rentres dans son jeu ?

— Pardon ? s'indigne-t-elle.

— Mon père ne souffre absolument pas d'Alzheimer. Aaron est simplement un connard de menteur en qui tu as cru sans aucun discernement.

— Je ne pouvais pas le deviner !

Je fais les cent pas dans ma chambre avant de m'asseoir sur le bord du lit. Mes pensées sont en désordre et mon esprit est en ébullition. Je ne sais pas comment aborder cette situation. Je ferme les yeux, cherchant à maîtriser cette rage qui menace de m'emporter. Je sens une boule se former dans ma gorge, tandis que la culpabilité me lacère maintenant les entrailles. Si je n'avais pas perdu mon sang-froid, si je n'avais pas tenté d'en finir avec Aaron, la ballerine ne serait pas blessée à l'heure qu'il est. Je rouvre les yeux et je murmure plus pour moi que pour elle :

— Je n'ai jamais voulu tout ça.

— J'en ai conscience, soupire-t-elle. Mais pour l'instant, je désire simplement rentrer chez moi.

— Reste et je te dirai tout ce que tu souhaites savoir, je parle d'une voix basse, essayant de contrôler mes émotions.

Je sais que mes mots ne changeront rien à la situation, mais j'ai bon espoir qu'elle me laissera au moins expliquer mes actes.

— Même cette histoire de T.E.I ?

Je recule comme si elle venait de me gifler une nouvelle fois. Comment... Stella!

— Elle-même, dit-elle comme si elle avait lu dans mes pensées.

— Que veux-tu savoir à ce sujet ? je finis par demander malgré moi.

— Qu'es-tu prêt à me révéler ?

— Angelina, tu réclames un acte de foi et je ne suis pas certain de pouvoir accéder entièrement à cette requête.

— Oh, je vois. Ce n'est pas quelque chose que l'on partage avec une simple amie avec bénéfices.

— Ce n'est pas ce que je veux dire. C'est... compliqué.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant