— H —J'agrippe plus fermement l'accélérateur alors que ma vitesse est bien au-dessus de la réglementation en vigueur. Ce n'était pas un concours de circonstances. Je me suis bel et bien déplacé pour prendre de ses nouvelles et j'ai été jeté comme un minable sur un claquement de doigts. Une partie de moi savait pertinemment que cela ne plairait pas à la tigresse en elle, mais j'espérais tout de même attendrir le petit chaton qu'elle laisse entrevoir parfois. Raté ! Je pousse la manette des gaz en priant pour que le rugissement du moteur couvre le vacarme de mes pensées. Qu'aurais-je dû lui dire ? Qu'effectivement ce n'était pas le fruit du hasard ! Et puis quoi ? Lui avouer que ma méfiance l'a emporté au bout du compte et que je l'ai... J'évite de justesse la voiture qui déboîte sans clignotant devant moi en rageant dans mon casque. Putain de danger de la route ! Je ralentis pour me mettre à son niveau et je fais gronder mon moteur près de sa fenêtre. C'est toujours mieux que de lui envoyer mon poing dans la face. Je ne suis pas certain de pouvoir me permettre ce genre de jugement compte tenu de la vitesse à laquelle j'avale les kilomètres depuis que j'ai quitté l'hôpital, mais je m'en tape cordialement. C'est malsain... tellement malsain. J'aurais dû arrêter ça après le premier rapport que j'ai lu, mais je ne l'ai pas fait et je ne peux pas blâmer le monstre pour cette décision. Je me suis persuadé que c'était pour m'assurer qu'elle ne travaillait pas avec Aaron, mais j'ai eu la confirmation que ce n'était pas le cas depuis des semaines et pourtant... Pourtant je ne suis qu'un abruti ! Je n'aurais pas dû lui rendre visite. Je cogne furieusement contre mon casque pour me remettre les idées en place. Je lui ai dit que je ne m'amuserai pas à lui courir après éternellement et voilà que je me pointe à l'hôpital dans l'unique but de la voir. Plus indécis, tu meurs ! À y réfléchir, aucune femme ne m'a jamais rejeté de la sorte. Je n'ai pas eu à faire le premier pas, pas même une seule fois lors de ces dernières années... La voilà la raison ! Le choc de la révélation me foudroie. Elle a vu juste au bout du compte, c'est sans doute mon amour-propre qui m'enchaîne si farouchement à elle. La ballerine est la première femme sur laquelle je jette mon dévolu depuis... depuis... Ma gorge se noue et mes pensées se figent alors que les contours de son visage apparaissent nettement devant moi. Son rejet est certes humiliant, mais cela n'explique pas tout. Je ne suis plus un petit garçon qui perd confiance en lui à la moindre rebuffade. Absorbé par mes réflexions, je manque de peu de griller un feu dans l'un des carrefours les plus animés de la ville. J'aurais une excuse valable pour lui rendre visite cette fois-ci si je ne me concentre pas convenablement sur la route.
***
Le bruit de ses talons qui martèlent le sol en entrant au pas de course dans mon bureau trahit son identité. Je n'ai pas besoin de relever la tête pour savoir à qui j'ai affaire. Stella...
— Pourquoi n'étais-je pas conviée à la réunion de ce matin ? fulmine-t-elle.
— Ton assistant te transmettra un rapport complet, je réponds les yeux rivés aux documents sur lesquels je travaille.
— Aux dernières nouvelles, je fais toujours partie des effectifs de cette entreprise et j'en suis la chargée de relation !
— Pas pour longtemps si tu continues à t'adresser à moi sur ce ton.
— Pourquoi as-tu accepté de me garder ici si c'est pour me traiter de la sorte ?
Elle a gagné... je lui accorde toute l'attention qu'elle souhaite. Mes yeux s'accrochent sévèrement aux siens pour la mettre en garde alors que je gronde plus que je ne parle quand je lui réponds.
— De quelle sorte ? De la sorte à empocher un salaire à six chiffres par an grâce à moi ? De la sorte à avoir un appartement et une voiture de fonction ? De la sorte à quoi exactement Stella ?
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BALLERINA
Storie d'amoreAngelina Carter et Hayden Reed n'ont en apparence rien en commun, si ce n'est une détermination farouche à réaliser leurs rêves. Alors qu'elle ne vit que pour le ballet et qu'elle s'y abandonne corps et âme, il n'a de considération que pour l'empir...