• CHAPITRE CENT CINQ •

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– A –

Monsieur Bleu Acier se fige instantanément et je sens mon sang se glacer dans mes veines. Aaron...

— Vous prétendez que votre entourage est ravi pour vous et que cette annonce n'est pas une surprise pour eux. Permettez-moi d'en douter, déclare-t-il d'une voix tranchante.

Les poings de Monsieur Bleu Acier se serrent sur la table, mais étrangement, cette intervention est exactement ce qu'il me faut pour retrouver enfin l'usage de la parole. Et puisqu'il est bien trop tard pour reculer, autant y aller jusqu'au bout. Hors de question de laisser à Aaron le loisir de dicter le cours de cette conférence.

— L'entourage proche, et uniquement celui-là, est bel et bien ravi de notre engagement, je réponds en m'avançant vers le microphone pour m'assurer que chaque mot est entendu distinctement.

— Et si nous appelions votre futur beau-père pour confirmer cela, Mademoiselle Carter ? insiste-t-il.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Il ne ferait pas ça... n'est-ce pas ?

— Tu peux l'appeler. Papa est effectivement enchanté par la nouvelle, intervient Monsieur Bleu Tornade d'un ton ferme.

— Oh, puisque tu y tiens, petit frère, alors faisons cela.

Comme un seul homme, tous les journalistes présents se tournent vers le fond de la salle pour voir la silhouette qui se lève. Aaron émerge presque de l'ombre avec un regard assassin fixé sur son frère et d'un pas décidé, il se dirige vers l'estrade et y monte sans attendre d'être invité. Crétin fini! Il se place entre nous et d'une main assurée, il compose un numéro sur le téléphone qui trône sur la table, active le haut-parleur et attrape le microphone de Hayden pour le plier sans ménagement en direction de l'appareil. Le sourire carnassier qu'il m'adresse au passage me donne envie de lui envoyer mon poing en plein visage, mais je me rappelle que nous ne sommes pas seuls et que le moindre de nos gestes est épié. Les avocats de Hayden ont été assez clairs à ce sujet : répondre posément aux questions, ne pas trop en dire et faire bonne figure en évitant tout comportement sujet à interprétation. Enfin, pour la partie « ne pas trop en dire », c'est raté. Merci Hayden!

La première sonnerie me ramène brutalement au moment présent et chacune des tonalités suivante fait battre mon cœur un peu plus vite. Aaron quant à lui savoure chaque seconde de ce moment et malgré le fait qu'il me domine de toute sa hauteur, je perçois sa mine déterminée. Comme si notre humiliation avec cette vidéo n'était pas suffisante, il semble décidé à nous enterrer vivants devant un parterre de journalistes influents. Adieu rêves de scènes, adieu carrière de danseuse. Et dire qu'il y a quelques mois, je pensais que la pire des choses qui pouvait m'arriver était de faire la une des tabloïds aux bras de Hayden. J'avais peur que les gens tirent les mauvaises conclusions... J'étais loin du compte ! Une petite voix mesquine me dit que si toute cette histoire avait été saine depuis le départ, nous n'en serions probablement pas là.

— Allô ?

La voix rauque de leur père résonne clairement dans la pièce et je sens que le nœud dans mon estomac se resserre. La vérité va nous éclater au visage et aucune porte de sortie ne me sauvera de ce massacre public.

— Salut papa, c'est Aaron.

— Aaron ? Que se passe-t-il ? demande leur père d'une voix teintée de surprise.

J'ai du mal à avaler ma propre salive. Faire bonne figure, faire bonne figure, faire...

— Je suis actuellement à une conférence de presse avec Hayden et une question importante a été soulevée. La presse aimerait savoir si tu as été ravi d'apprendre son union avec la serveuse Angelina Carter.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant