• CHAPITRE QUATRE-VINGT-SIX •

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– A –

Je suis tentée de le retenir, de trouver les mots justes qui pourraient tout changer, mais au fond, à quoi bon ? Nous sommes pris dans une boucle sans fin et je suis lasse de tourner en rond. Si cette histoire n'avait pas éclaté, l'aurais-je accueilli de nouveau à bras ouverts dans ma vie ? Je n'en ai plus aucune idée... Pourquoi a-t-il fallu que je tombe sous le joug du bleu acier de son regard une fois encore ? Pourquoi est-ce que mon cœur refuse d'entendre raison ces dernières heures ? Pourquoi le doute s'immisce-t-il si aisément en moi ? Pourquoi suis-je incapable de prendre une résolution et de m'y tenir ? Repoussant mon plat alors que la faim dévorait mes entrailles depuis ma douche, je décide d'aller prendre l'air sur le balcon.

Comment peut-on regarder quelqu'un droit dans les yeux et lui avouer son désir sans envisager un seul instant le chaos que cela peut engendrer dans son esprit ? Hayden n'est pas dupe et je le soupçonne d'avoir parfaitement calculé son coup. Mais dans quel but ? Je dois me rendre à l'évidence, tenter de cohabiter le temps que tout cela s'apaise n'est pas une bonne idée, ni pour lui ni pour moi. Plutôt que de lui demander de l'espace et de froisser ses sentiments, je préfère encore faire ce que je fais de mieux selon lui : fuir. Je pénètre à nouveau dans la suite et je rassemble mes effets personnels aussi rapidement que possible, le téléphone vissé à l'oreille. Alec ne pose aucune question quand je lui demande de venir me récupérer. Mon désespoir doit être palpable à des kilomètres à la ronde.

Les minutes qui suivent sont une torture et je me surprends à faire les cent pas comme une lionne en cage. Trop d'émotions se bousculent en moi et je n'arrive pas à faire taire la cacophonie entre mon cœur et mon cerveau, qui empruntent des chemins différents pour la millième fois depuis ces dernières semaines.

Après ce qui me semble être une attente interminable, Alec m'informe qu'il est enfin là et je quitte la suite en jetant des coups d'œil furtifs autour de moi. De l'extérieur, je dois probablement avoir l'air d'une folle, mais comme le dit le proverbe : chat échaudé craint l'eau froide. Une fois dans le hall, je le repère rapidement et je m'approche de lui alors qu'il fourre une poignée de bonbons dans sa poche et en glisse un dans sa bouche tel un enfant pris en faute.

— Alec ! je m'offusque.

— Hey, le trafic est dense sur le retour. J'aurais besoin de force ! explique-t-il.

— Et il t'en fallait autant ? je me retiens de rire.

— Oui.

Il passe négligemment un bras autour de mes épaules, me serrant contre lui en s'esclaffant alors que nous commençons à marcher. Je ne prends pas la peine de libérer la suite. Connaissant Hayden, tout est réglé jusqu'à la fin du week-end et l'hôtel le préviendra directement de mes agissements. Je préfère rester dans l'ombre. Quoi qu'il arrive, il sait où j'habite et il ne devrait pas avoir de mal à me retrouver s'il le souhaite.

— Où es-tu garé ? je panique subitement.

— Au parking souterrain.

— Ils t'ont laissé y entrer comme ça ? je lui demande méfiante.

— Non. J'ai dû faire croire que j'étais ton chauffeur. En matière de sécurité, ils ne blaguent pas. Dès que j'ai prononcé ton nom, ils me sont tombés dessus avec tout un tas de questions.

— Tu as donné le nom Carter ? je blêmis.

— Eh bien oui ! rit-il. À moins que tu ne te sois mariée en secret.

Merde! Je m'arrête net. Alec trébuche et manque de tomber en m'emportant dans sa chute.

— Préviens la prochaine fois, Angy ! peste-t-il.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant