• CHAPITRE CINQUANTE HUIT •

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—  A —

Je suis plongée dans mon entraînement depuis plusieurs heures lorsque mon téléphone sonne, m'arrachant à ma concentration. Je me précipite pour décrocher, espérant que ce soit Kris qui m'appelle pour me rassurer sur son arrivée.

— Allô.

— Bonsoir Angelina.

Mon cœur se fige instantanément et l'air semble disparaître d'un coup de mes poumons.

— Maman?

Elle ne répond pas, mais j'entends clairement les sanglots qui montent de l'autre bout du fil.

— Ton père est décédé.

Mon corps tout entier se pétrifie. Le sang pulse de manière chaotique dans mes oreilles. Ma mère continue de pleurer tandis que je reste là, incapable de bouger ou de parler, fixant mon reflet dans le miroir. Sans même m'en rendre compte, une plainte déchirante m'échappe avant que je ne m'effondre sur le sol en lâchant mon téléphone. J'ai l'impression que l'on m'arrache le cœur une nouvelle fois...

— Angy ! Angy !

Quelqu'un me secoue violemment, mais je refuse de croire ce qui est en train de m'arriver. Ça ne peut pas être vrai.

— Bordel, Angy ! Ouvre les yeux !

Complètement en sueur et désorientée, j'obéis. Mon oreiller est baigné par mes larmes. Je tourne la tête de droite à gauche avant de réaliser que je viens de revivre le pire moment de toute mon existence. Je me jette dans les bras d'Evan, laissant mes larmes ruisseler contre son torse. Depuis la mort de mon père, une douleur lancinante me ronge de l'intérieur sans relâche. Chaque jour, je me réveille avec le poids de son absence, avec ce vide béant dans ma poitrine qui me rappelle à quel point il me manque. Je me demande souvent si cette douleur s'estompera un jour, si je pourrai enfin trouver la paix, mais pour l'instant elle demeure constante et oppressante. Chaque étape de ma vie est marquée par l'absence de mon père. Les réalisations que j'accomplis semblent creuses, privées de la fierté qu'il aurait ressentie. Mes succès et mes triomphes sont teintés d'aigreur, car il n'est plus là pour les partager avec moi. Les moments de bonheur sont toujours accompagnés d'une pointe de tristesse et d'une voix intérieure qui me murmure que quelque chose me manque. J'éprouve un profond sentiment d'injustice face à son départ prématuré. L'amertume de ne pas avoir eu assez de temps avec lui, de ne pas avoir eu l'occasion de lui dire tout ce que je voulais, de ne pas avoir pu le remercier pour tout ce qu'il a fait pour moi.

***

Au petit matin, je m'étire et mes mains rencontrent à ma grande surprise un torse ferme comme la pierre. Evan? Je sursaute violemment et je termine au sol en un battement de cils. Décidément!

— Bonjour à toi également, grogne-t-il la tête enfouie dans l'oreiller.

Tel un furet, je relève discrètement ma tête au niveau du matelas, ne laissant entrevoir que mes yeux. Je m'efforce de maintenir ma concentration à un niveau maximal, refusant de laisser mon regard s'égarer là où il ne devrait pas. Que fait-il uniquement vêtu d'un caleçon dans mon lit ? Les yeux mi-clos, un sourire paresseux glisse sur ses lèvres alors qu'il s'étire à son tour. C'est un supplice de voir Evan sous un nouveau jour depuis les confidences troublantes de son frère. C'est plus fort que moi, je... Oh mon Dieu! Je plonge à toute vitesse mon visage dans la couette, comme une enfant prise en flagrant délit.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant