• CHAPITRE QUARANTE-ET-UN •

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— A —

La clarté du jour filtre à travers mes paupières closes, m'obligeant à me réveiller. Je bâille tout en m'étirant dans le lit, mais quelque chose cloche. Mes yeux s'ouvrent brusquement et je suis tellement surprise par le décor dans lequel je me trouve que je mets quelques secondes à rassembler mes souvenirs. Je tourne la tête de droite à gauche, mais je comprends bien vite que je suis seule.
En sortant de la chambre, je me heurte de plein fouet à Gabriela. Elle m'accueille avec un regard impassible.

— Bonjour, Mademoiselle Carter, déclare-t-elle d'une voix calme et mesurée.

Je réalise alors dans quelle tenue je suis, vêtue uniquement de la chemise de son patron et je me sens soudain honteuse. Elle n'est pas du tout surprise de me voir ainsi et cette indifférence me pique au vif. Il est évident que je ne suis pas la première à me retrouver dans cette situation embarrassante et probablement pas la dernière.

— Euh... bonjour, je réponds timidement.

— Monsieur Reed est déjà au travail. Souhaitez-vous un petit-déjeuner ? me demande-t-elle poliment.

— Non merci, j'articule d'une voix faible.

— N'hésitez pas à me demander si vous avez besoin de quelque chose, il y a des interphones dans toutes les pièces, ajoute-t-elle avant de s'engouffrer dans la chambre.

Je me sens soudainement comme la dernière des imbéciles. Gabriela agit comme si elle était habituée à voir des femmes dans la même situation que moi tous les quatre matins. Je le savais depuis le début, mais la réalisation est amère. Monsieur bleu acier a obtenu ce qu'il voulait, sans se soucier de me réveiller ou de me dire au revoir avant de partir. Notre arrangement était certes basé uniquement sur le sexe, mais il aurait tout de même pu faire preuve d'un minimum de respect. Pourtant, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même et je ne peux blâmer personne d'autre. J'étais consciente de ce dans quoi je m'engageais et surtout avec qui ! Au diable la douche! Je ressens le besoin de quitter cet appartement au plus vite. Je fais demi-tour pour retourner chercher mes vêtements, mais ils ont disparu. Gabriela est affairée à changer les draps du lit. Une nouvelle vague de honte me submerge. Stella avait raison depuis le début. J'ai été naïve, aveuglée par cette attirance éphémère. Alors que je m'adresse à Gabriela, ma voix tremble légèrement. De nouveau, elle me répond d'un ton neutre, comme si tout cela était normal pour elle.

— Ils sont avec le linge sale.

— Pourrais-je les récupérer, s'il vous plaît ?

— Bien sûr, je vous les rapporte.

Je suis submergée par un sentiment d'impuissance et de dépendance envers Gabriela, comme si je n'étais qu'une étrangère indésirable dans cet appartement luxueux. Lorsqu'elle revient, je me hâte de me changer en me concentrant entièrement sur cette tâche pour arrêter de me flageller mentalement. Je dois rentrer chez moi, me doucher et contacter le restaurant et le club.
Une fois seule dans l'ascenseur je vérifie mon portable, espérant secrètement un signe de sa part. Cependant, il n'y a rien. Aucun message, aucune explication. Ma déception est palpable et mon cœur se serre dans ma poitrine. La réalité s'abat sur moi avec toute sa cruauté et je lutte pour contenir mes larmes. Non! Je m'interdis de céder à la faiblesse, de me laisser submerger par la tristesse et l'humiliation. Je refuse d'être une pauvre fille éconduite. Je redresse la tête, résolue à reprendre le contrôle de ma vie.

***

— Angy ! Ça roule princesse ? s'exclame Alec avec un sourire en coin lorsque je franchis la porte de l'appartement.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant