• CHAPITRE QUARANTE NEUF •

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— A —

Comment en suis-je arrivée ici, assise dans ce café avec lui? Alors qu'il se lève pour récupérer nos boissons, je me demande pourquoi je me suis laissé entraîner dans cette entrevue...

Trois longues semaines se sont écoulées depuis la visite de Monsieur Bleu Acier et je n'ai pas eu de nouvelles de lui depuis. C'est probablement pour cette raison que je me suis retrouvée sur le trottoir devant le siège de son entreprise en début d'après-midi. La tête dans les étoiles, j'ai foncé droit devant, tel un taureau, mais je n'ai même pas eu l'occasion d'arriver à l'accueil que j'ai percutée de plein fouet quelqu'un. En croisant son regard, j'ai tout de suite été frappée par la profondeur étrange de ses yeux, qui m'ont curieusement rappelé ceux de l'homme énigmatique que je venais voir de prime abord.

— Angelina, je suppose ? m'a-t-il interrogée en penchant la tête sur le côté.

Il s'est tapoté la lèvre inférieure de l'index, un sourire ravageur au coin de la bouche, sûr de lui et je me suis immédiatement demandé comment il connaissait mon prénom. Mes mains toujours accrochées à son torse, j'ai acquiescé avant de reprendre mes esprits.

— Et vous êtes ?

— Aaron Reed, a-t-il lâché quelque peu amusé.

Un nouveau Reed? ai-je pensé. Il n'avait clairement pas l'âge d'être son père. À tout casser, il devait avoir quelques années de plus que Monsieur bleu acier. Puis, cela a fait tilt dans ma tête, son visage était un savant croisement entre celui de Hayden et celui de Stella. D'une beauté presque dérangeante.

— Ça vous dirait un café ? a-t-il murmuré bien trop près de mon oreille.

J'ai trouvé le geste bien trop intime et je me suis rapidement dégage de son éteindre. Tout aurait pu s'arrêter là, mais...

— Contrairement à mon frère, je peux vous assurer que je ne mords que si on me le demande.

— Charmant, mais je vais passer mon tour. Bonne journée.

Alors que je m'apprêtais à reprendre mon chemin, il a saisi mon coude pour me maintenir en place.

— Connaissez-vous réellement mon frère ? a-t-il demandé.

Sa question m'a totalement désarçonnée sur le moment. J'ai tout de suite su qu'elle était bien plus obscure qu'il ne laissait paraître.

— Je peux répondre à certaines des interrogations que vous avez à son sujet, a-t-il ajouté.

— Je n'en ai aucune. Auriez-vous l'obligeance de bien vouloir me lâcher maintenant ?

Il n'en a rien eu à faire et a même resserré sa prise au passage. Je pensais avoir vu le côté sombre des Reed avec Stella, mais j'ai de nouveau été servie.

— Ah ! J'ai cru que j'allais devoir faire la conversation à ta charmante amie une poignée de minutes supplémentaires avant que tu ne t'agaces et que tu ne descendes enfin de ta tour d'ivoire.

— Va-t'en.

La voix de Monsieur bleu acier derrière mon dos a été si dangereusement calme qu'un frisson m'a parcouru l'échine.

— Pas tant que nous n'aurons pas discuté.

— Maintenant, s'est-il contenté de lui répondre.

— Cela fait cinq ans aujourd'hui. C'est le moment parfait pour en parler !

— Quitte mon entreprise Aaron, lui a répondu Monsieur bleu acier les dents serrées.

— Ton anniversaire est dans quelques jours. Viens au moins voir papa ! Tu vas encore laisser Stella se ridiculiser en organisant une soirée à laquelle tu ne te présenteras pas sous prétexte que j'y suis ?

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant