• CHAPITRE QUATRE-VINGT-HUIT •

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– A –

Mon portable vibre sur le bureau et comme dotée d'un sixième sens, je sais déjà qui sera au bout du fil.

— Bonjour... Angelina.

Mon prénom glisse de façon agaçante entre ses lèvres jusqu'au creux de mon oreille.

— Hayden, je le salue.

— Comme se déroule ta matinée ? demande-t-il.

— Cette question n'est pas innocente, n'est-ce pas ?

— Non, elle ne l'est pas. Mais cette situation était prévisible, non ?

— Tu m'appelles pour jubiler ou pour me dire que tu me l'avais prédit et que c'est donc bien fait pour moi ? 

— Il est vrai que cela me ressemble, ironise-t-il.

— Non effectivement Hayden, cela ne te ressemble pas, mais il n'en reste pas moins que je suis surprise par ton appel.

Dit celle qui songeait à l'appeler dans la matinée...

— J'avais cru, à tort, que tu me faisais confiance lorsque je t'ai assuré que je prendrais les choses en main. Et pourtant, nous voici de nouveau dans une impasse.

— Je ne vais pas m'arrêter de vivre à cause de cette histoire.

— Que tu le veuilles ou non, ce n'est pas juste une histoire. Tu ne mesures pas l'étendue de la situation dans laquelle nous sommes.

— Et qu'aimerais-tu que je fasse au juste ?

— Tu pourrais commencer par écouter les conseils de ceux qui ont l'habitude de gérer ce genre de situations, par exemple.

— C'est-à-dire ? Rester cloîtrée jusqu'à ce que ça se calme tout seul ? C'est ça ta solution ?

— Je n'ai jamais dit qu'elle s'arrangerait d'elle-même. Tu pourrais simplement prendre quelques jours de vacances, le temps que je puisse remettre de l'ordre dans tout ce bordel.

— Et c'est moi qui fuis mes problèmes ? j'ironise.

— Angelina... à quel point crois-tu que je doive prendre sur moi actuellement ? Disons, sur une échelle allant d'un à dix ?

— Depuis quand jouons-nous à ce genre de petits jeux ?

— Onze. Un bon gros et emmerdant onze. Pourquoi t'échines-tu donc à rendre cette situation encore plus exaspérante qu'elle ne l'est déjà ? s'emporte-t-il légèrement.

— Je serais effectivement bien mieux en vacances à Hawaï, plutôt qu'enfermée dans une clinique avec une horde de journalistes à la porte. Mais il semblerait que j'ai croisé ta route un jour, et depuis, le karma a décidé de me faire cordialement chier. Puisque tu n'as rien de plus constructif à dire, au revoir, Hayden !

Et je lui raccroche au nez. Ma journée est déjà assez stressante, je n'ai pas besoin qu'il vienne y ajouter son petit grain de poivre. Car oui, il s'agit bien de poivre avec lui !

Alors que je suis en communication avec le restaurant, la notification d'un mail sur mon portable attire mon attention. Je lis l'objet et mon sang ne fait qu'un tour. Quoi? J'appuie si fort sur mon écran que je crains l'espace d'un court instant d'avoir empiré son état. Lorsque je l'ouvre, je découvre une confirmation de séjour à mon nom comprenant un billet d'avion pour ce soir ainsi qu'un hôtel à... Hawaï. Je manque presque de m'étouffer avec ma propre salive en apercevant le prix en bas de page. Je suis partagée entre l'envie de pester et celle de rire tellement c'est invraisemblable. C'est d'ailleurs cette dernière qui l'emporte malgré toute ma bonne volonté. Cet homme est définitivement un idiot fini, c'est incroyable ! Cependant, il est hors de question que j'accepte cette offre au montant scandaleux. Je tape donc rapidement un message.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant