• CHAPITRE QUARANTE •

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— A —

Lorsque j'arrive à l'appartement, un soupir de soulagement m'échappe en constatant que les garçons ne sont pas là. Je ne pense pas avoir la force d'affronter leurs regards ce matin. Non seulement j'ai échoué, mais pour couronner le tout, je les ai tenus éloignés pendant des jours. Je dépose le sac sur mon lit et je compose le numéro de Kris.

— Allô ?

— Est-ce que je te dérange ? je demande d'une voix à peine audible.

— Non Ody... bien sûr que non... Comment vas-tu ?

Sa voix remplie de sollicitude me donne envie de fondre en larmes.

— À ton avis, je souffle doucement.

— C'était si épouvantable que ça pour que tu ne daignes pas donner signe de vie à ta sœur pendant des jours ?

— Bien pire que tu ne pourrais l'imaginer.

Je me lance dans une explication détaillée de l'audition et je lui dépeins les émotions qui m'ont terrassé de l'intérieur et qui ne me quittent plus depuis. Nous parlons pendant près d'une heure et même si je suis toujours abattue lorsque nous raccrochons, j'ai l'impression que quelqu'un partage enfin ce fardeau avec moi, que je suis comprise.

La matinée s'étire lentement alors que je m'efforce de me changer les idées en cuisinant. Les garçons ont répondu favorablement à mon invitation à déjeuner avec moi et mon cœur s'emballe d'anticipation à l'idée de les revoir. Peut-être que leur présence pourra apaiser un tant soit peu la peine qui me ronge.
Une joie immense me submerge lorsque j'entends la porte d'entrée. Monsieur bleu acier avait raison, s'enfermer en broyant du noir n'était sans doute pas la meilleure des solutions. Evan franchit le seuil en premier en arborant une moue si navrée que mon cœur se serre. Son regard rencontre le mien et un éclair de compréhension passe entre nous. Un petit bout de ma peine se détache lentement, comme si sa simple présence détenait le pouvoir de m'apaiser. Il déploie ses bras et je ne me fais pas prier pour m'y blottir. Aucun mot n'est nécessaire. Il me comprend sans que je n'aie à expliquer quoi que ce soit. Sa pudeur et sa bienveillance envers moi me touchent profondément, effaçant en un battement de cils les tensions des dernières semaines. Alec entre à son tour en adoptant le même comportement et nous nous installons pour manger. Je profite du repas pour leur présenter mes excuses pour ces derniers jours de silence radio. Bien qu'Evan me dise que ce n'est rien, je lis sur son visage tout le contraire. Son regard empli d'inquiétude ne me quitte pas et je réalise à quel point ils tiennent à moi, malgré mes erreurs et mes échecs. Leur soutien inébranlable me touche profondément et une fois encore, je me dis que je suis chanceuse de les avoir à mes côtés.

***

Malgré ma tête encore bouffie et mes yeux rougis, je fais un effort pour me maquiller un peu afin de paraître présentable. J'enfile mes converses avec hâte et je sors de l'appartement pour descendre rejoindre le chauffeur de Monsieur bleu acier. À mesure que nous nous rapprochons de notre destination, une boule d'angoisse grandit en moi, mais je suis prise au dépourvu lorsque nous arrivons enfin et qu'Ethan m'intime de rester dans la voiture. Je me tasse dans mon siège, attendant que Monsieur bleu acier s'installe à côté de moi.

— N'aurais-tu pas pu faire un effort ? me lance-t-il d'emblée une fois dans l'habitacle.

Son manque de tact me frappe de plein fouet, mais je refuse de me laisser démonter.

— Bonsoir Hayden. Oui, j'ai passé une agréable journée puisque tu le demandes, je rétorque d'un ton acerbe.

Je suis irritée par sa remarque déplacée. Pourquoi faut-il toujours qu'il soit aussi tranchant dans ses paroles ?

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant