BALLERINA

• CHAPITRE CENT-HUIT •

– A –

Les derniers jours ont été pires que de faire des montagnes russes après un repas copieux. Notre réconciliation, la vidéo, la conférence de presse, nos fausses fiançailles... Je ne sais même plus où donner de la tête alors que l'homme le plus indomptable que je connaisse arbore une expression indéchiffrable depuis le réveil.

Lorsque j'ai accepté la proposition d'Hayden, je ne m'imaginais pas me retrouver dans un avion dès le lendemain matin, sans valise ni vêtements. Pour lui, c'était une bagatelle. Il m'a simplement répondu que nous achèterions tout sur place. Comme si le fait de voler à travers le monde n'avait aucune conséquence. À croire que cet homme se plaît à oublier notre différence de statut un jour sur deux.

— Tu es bien silencieuse.

La voix du principal intéressé me ramène au moment présent. Un moment qui se situe exactement dans le salon VIP de l'aéroport JFK. Depuis notre arrivé, j'aimerais trouver une raison de me plaindre, mais voyager en première classe a certains avantages lorsque la peur de l'avion vous donne des sueurs froides, surtout avec un trajet de plus de vingt heures avec une escale en prime. Même si mon cœur semble prêt à prendre la fuite, je résiste à l'envie d'avaler toute une plaquette de cachets pour m'assommer le temps du vol.

— Je réfléchis simplement, je réponds en croisant les bras pour me donner un peu de contenance.

— À propos de notre accord ?

Le sourire narquois qui étire ses lèvres me donnerait presque envie de faire demi tour.

— À propos de beaucoup de choses, je rétorque en haussant les épaules. Tu sembles avoir tout planifié, mais il y a une chose qui m'échappe.

— Laquelle ? demande-t-il tranquillement en buvant une gorgée de son café.

— Qu'est-ce que tu espères vraiment accomplir là-bas ?

Il fixe un moment son attention sur les avions qui atterrissent et qui décollent avant de me répondre.

— Je t'ai exposé mes intentions hier soir et elles n'ont pas changé depuis. Et tout bien réfléchi, ces quelques jours de vacances loin des projecteurs ne nous feront aucun mal.

— Hayden Reed, tu es beaucoup de choses, mais certainement pas un homme qui abat toutes ses cartes d'un coup.

Un sourire amusé se dessine sur ses lèvres, mais je peux voir la lueur de détermination qui brille dans ses yeux alors qu'il les plonge enfin dans les miens. Des yeux aussi bleus et profonds que l'océan aujourd'hui.

— C'est vrai, je ne fais jamais rien sans raison, dit-il enfin.

Mon cœur s'emballe sous la puissance de son regard. Comment cet homme parvient-il toujours à me désarmer, malgré les mois qui passent ?

— Puis-je connaître ton plan ?

Il se penche si près de moi que je sens son souffle sur ma joue. Sa voix devient presque intime.

— La dernière fois que tu as pris un avion, c'était pour me fuir. Cette fois-ci, ce sera pour me revenir.

Je me redresse, quelque peu déconcertée par ses mots. Je pensais que nous avions pourtant fait un pas vers l'avant et que nous étions enfin sur la même longueur d'ondes.

— Que veux-tu dire ? N'était-ce pas le sens de nos échanges récents ? Nous donner une nouvelle chance ?

Il ne répond pas immédiatement, comme s'il semblait peser ses mots avant de choisir soigneusement sa réponse.