BALLERINA

• CHAPITRE SOIXANTE-HUIT •

— A —

La chambre baigne dans une pénombre apaisante et je me laisse doucement bercer par les tapotements réguliers de Hayden sur son clavier. Le sexe avec lui n'a pas d'égal et les sensations que j'éprouve chaque fois sont indescriptibles. Comme si chaque fibre de mon être était en parfaite harmonie avec le sien. J'ai l'impression que nos corps sont étrangement faits l'un pour l'autre, malgré nos différences qui nous poussent à nous défier. Je me tourne légèrement vers lui, captivée par la fluidité avec laquelle ses mains se déplacent sur les touches. Un sourire espiègle se dessine sur mes lèvres alors que je me remémore avec délice les moments où ces mêmes mains ont exploré chaque recoin de mon corps. Son expression est concentrée, ses yeux plongés dans un monde qui lui est propre. Cette facette de sa personnalité me fascine, mais je ne peux m'empêcher d'avoir des doutes lorsque je fais un arrêt sur image. Je me demande si mes caresses et mes étreintes pourront un jour rivaliser avec les siennes, si elles pourront réellement atteindre cette part sombre et mystérieuse qui l'habite. Mes doigts effleurent délicatement son avant-bras et ses paupières se ferment presque spontanément, comme s'il se délectait lui aussi de ce contact. C'est le moment idéal pour poser la question qui me taraude depuis ma douche. Je rassemble tout mon courage avant de me lancer.

— Hayden ? ma voix s'échappe doucement.

Il émet un grognement, sans pour autant ouvrir les yeux.

— Hum ?

— Je me demandais... Enfin, je veux dire...

Pourquoi est-ce que je peine à trouver mes mots tout à coup ? Il tourne son regard sombre vers moi avant de m'inviter à poursuivre.

— Je me demandais simplement si... je marque une pause.

— Oui ? dit-il d'un ton légèrement impatient.

Quand il faut y aller...

— Ai-je réussi à te procurer autant de plaisir que tu m'en as donné ?

Mes mots s'échappent si rapidement que je crains de devoir les répéter. Un silence pesant s'installe et je sens que mon cœur s'emballe. Je redoute une réplique cinglante ou une esquive émotionnelle.

— Tu vas devoir être plus explicite.

Je sais qu'il est habitué à se protéger derrière sa façade impénétrable, mais cette réponse me prend au dépourvu. J'inspire profondément pour me recentrer et je développe ma question.

— Je veux dire... Est-ce que ces moments ont autant de signification pour toi que pour moi ?

Un éclat de malice brille dans ses yeux alors qu'il réduit la distance entre nous.

— Ne me dis pas que tu as besoin de preuves supplémentaires de l'effet que tu as sur moi, réplique-t-il d'un ton taquin.

Je fronce les sourcils, légèrement agacée par son attitude. Je me demande s'il se moque de moi ou s'il cherche à me provoquer sciemment. Quoi qu'il en soit, je ne laisserais pas esquiver ma question.

— Hayden, ne joue pas avec mes nerfs et réponds à ma question, s'il te plaît.

— Angelina, notre relation est tout sauf banale, dit-il enfin.

Je le fixe, attendant qu'il approfondisse sa réponse.

— Mais encore ?

— Si cela peut te rassurer, chacune de tes caresses a une emprise sur moi, souffle-t-il bien trop près de moi.

— Ce n'était pas ma question, j'insiste doucement.

— Mais c'est ma réponse et tu vas devoir t'en contenter.