• CHAPITRE TRENTE SIX •

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— A —

Pour une fois, je décide de jouer avec le feu en compagnie de cet homme qui éveille en moi toutes sortes d'émotions. La pièce s'emplit d'une tension palpable, chacun de nous restant immobile, observant l'autre avec une intensité électrique. Son regard de prédateur me scrute et je suis incapable de détourner mes yeux de lui. Sa voix rauque enveloppe la pièce entière lorsqu'il brise le silence :

— Angelina, ne commence pas quelque chose que tu ne comptes pas finir.

Je suis submergée par une vague de nervosité à l'idée de m'aventurer sur ce terrain avec lui, mais je ne peux m'empêcher de lui répondre avec une pointe d'insolence :

— Ce n'était pas mon intention.

— Très bien Angelina... Très bien.

Il s'approche de quelques pas et me tend sa main, celle-là même que j'ai pincée, et me met silencieusement au défi de la prendre. Je l'accepte et je le laisse m'entrainer jusqu'à une cuisine dont la taille est totalement démesurée. Je sais au fond de moi pourquoi j'ai repoussé l'échéance si longtemps. J'en meurs d'envie, mais mon expérience en la matière, bien qu'existante, ne semble pas aussi développée que la sienne. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle sa franchise désarmante sur le sujet m'a laissé sans voix plus d'une fois. Gabriela me fait un léger signe de tête avant de quitter la pièce, et je suis gênée à l'idée qu'elle devine nos intentions. Mais à l'instant même où il baisse ses yeux sur moi, cet embarras disparait. Je suis connectée à l'instant présent et même si je sais que je prends un très gros risque ce soir, peu importe les conséquences.

— Une envie particulière que je puisse satisfaire ce soir, Angelina ?

— Je ne suis pas très difficile, pour ma part, je le pique.

— Ça, c'est toi qui le dis, sourit-il.

Il est bien trop séduisant, et ses fossettes qui me narguent une fois de plus me rappellent douloureusement à quel point il embrase mes sens telle une torche. Comment un simple sourire peut-il hypnotiser à ce point ? Sa main glisse sur ma joue et s'arrête près de ma lèvre inférieure. La caresse qu'il lui prodigue est aussi légère que celle d'une plume. Ce n'est plus une torche, mais un brasier annonciateur d'un incendie qui prend vie en moi. Hayden règne en maître sur son territoire, mais je compte bien déployer tous mes moyens pour tenter de lui résister un moment. Je sens mon corps bouger, mais je ne comprends que je recule face à lui que lorsque mes hanches cognent contre un plan de travail. Sans même crier gare, il m'attrape par la taille et me dépose sans effort dessus.

— Déjà vu, je murmure.

— Crois-moi... il est peu probable que tu aies déjà vu quelque chose de similaire.

Ses mains se retrouvent de part et d'autre de mes cuisses, et tout en approchant son visage du mien, il soude son regard au mien. Il est si près que je sens son souffle tiède sur mes lèvres.

— Douce Angelina, dis-moi, de quoi as-tu envie ? me demande-t-il.

— Douce ? Je crois que tu te méprends sur la personne.

— Ah oui ? répond-il, l'air innocent.

Ses mains brûlants se faufilent dans l'encolure de ma chemise et s'attaquent au premier bouton. Il tapote du bout des doigts le haut de mon sternum et je ressens les vibrations jusque dans la moindre parcelle de mon être. Je ne céderai pas aussi facilement ! J'appelle tout mon sang-froid à la rescousse pour reprendre le contrôle de mon corps et je lui fais signe de l'index de se rapprocher un peu plus.

— De chocolat, je lui susurre à l'oreille.

Je lutte pour ne pas rire, mais un rictus sournois se dessine malgré moi sur mes lèvres. Son visage diaboliquement parfait s'illumine d'un sourire en réponse et je suis soulagée lorsqu'il me tourne enfin le dos. J'inspire et expire profondément, en priant pour qu'il ne m'entende pas. Il n'a pas besoin de savoir qu'en sa présence je suis animée par une effervescence parfois si intense qu'elle en devient incontrôlable. Je le regarde fouiller rapidement dans l'un de ses placards avant de revenir se positionner face à moi. Quand j'aperçois enfin ce qu'il tient entre ses mains, je réalise mon erreur. J'ai moi-même fourni le bâton pour me faire battre... Il enlève l'emballage de la tablette de chocolat avec soin et me fixe de son regard bleu acier tandis qu'il porte un carré à sa bouche. Je suis fascinée par chacun de ses gestes et j'observe le ballet de ses fossettes pendant qu'il le suçote en douceur. Il coince adroitement le morceau entre ses lèvres et effleure délicatement les miennes avec. Instinctivement, je passe ma langue et même si ce n'est que du chocolat, une sensation indescriptible m'envahit. Ai-je jamais vécu un moment aussi voluptueux dans ma vie ? Toute envie de rire m'a abandonnée. Il incline légèrement ma tête en arrière et, avant que je puisse reprendre mes esprits, il parcourt mon cou de sa bouche. Je sens que de sa main libre il remonte le long de mon flanc et défait un autre bouton de ma chemise. Ses lèvres descendent plus bas et mon ventre se contracte en réponse. Lorsqu'il atteint le décolleté de ma chemise, je dois me retenir de fondre entre ses bras comme ce fichu carré de chocolat. Il plonge ses deux mains cette fois sous le tissu avec une sensualité exquise, décrivant des caresses brûlantes sur ma peau nue. Le contact peau contre peau me fait perdre le nord. Je suis reconnaissante d'être assise, car mes jambes m'auraient sans doute fait défaut à un moment ou un autre. C'est tellement enivrant que je me laisse aller aux sensations inédites qui m'envahissent sans aucune honte. Monsieur bleu acier m'embrasse enfin et toutes les barrières que j'ai érigées depuis notre rencontre s'effondrent brutalement.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant