• CHAPITRE CINQUANTE SIX •

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— A —

Je ressens une pointe de culpabilité à l'idée d'avoir posé un lapin aux garçons hier soir. Il est temps pour moi de quitter cette bulle et de rentrer chez moi. Mon visage est encore marqué, mais je ne peux pas me cacher ici éternellement. Disparaître pendant des jours n'est pas dans mes habitudes et même si je n'ai de compte à rendre à personne, je ne peux pas choisir à ma guise quand accepter leur inquiétude et quand la rejeter.

— Vous êtes sûre de ne pas vouloir manger avant de partir ? me demande Gabriela.

— Non merci, vous en avez déjà fait beaucoup, je lui réponds en souriant sincèrement.

Laisser un mot sur le départ n'est pas vraiment mon style et je doute fort que Monsieur bleu acier apprécie non plus. Je lui ferai savoir une fois que je serai chez moi. Je récupère mon sac à main et mes quelques affaires personnelles, puis j'appelle l'ascenseur pour prendre congé. Juste avant que les portes ne se referment, Gabriela m'interpelle et me tend un téléphone. Je l'interroge du regard, mais elle hausse simplement les épaules.

— Allô ?

— Bonjour, Angelina, susurre Monsieur bleu acier. On part sans dire au revoir à son hôte ?

Son ton posé et sa remarque piquante me prennent de court. Comment a-t-il pu l'apprendre si rapidement ? Hum... Je lance un regard noir à Gabriela.

— J'allais te prévenir.

— Vraiment ? Et quand avais-tu l'intention de le faire ?

— Je ne pensais pas que ton personnel était également payé pour me surveiller et te faire des rapports.

— Ne dis pas n'importe quoi ! Gabriela n'a rien à voir là-dedans. Je ne me sers jamais du téléphone de la maison. La société de sécurité m'a appelé pour me dire que quelqu'un utilisait ma ligne fixe.

— Comment as-tu su que je partais ?

— J'ai simplement demandé à Gabriela ce que tu faisais et elle m'a répondu ! Tu me fatigues, Angelina.

Une vague d'agacement mêlée de frustration me submerge, mais je décide de garder mon calme. Pourquoi est-ce que nous devons toujours entrer en conflit à chaque conversation ?

— Nous devrions parler de tout cela plus tard, en personne. Pour le moment, je suis attendu.

— Très bien. Bonne journée, dit-il finalement.

Sans lui offrir de réponse, je raccroche doucement le téléphone, me sentant à la fois soulagée et troublée. J'ai besoin de temps pour moi pour réfléchir et décider de la direction que je souhaite prendre.
Je me glisse dans l'ascenseur pour rejoindre le hall d'accueil.

— Angy ! s'exclame Alec en me serrant dans ses bras lorsque j'arrive à son niveau.

Il se détache de moi et me dévisage un instant. Un mélange de surprise et d'inquiétude traverse son visage et j'en conclus que ma tête n'a pas encore retrouvé sa taille et sa couleur habituelle. Il me scrute de haut en bas avant de parler.

— Angy ?

— Oui ? je réponds distraitement.

— Tu es pieds nus ? demande-t-il en observant mes pieds.

Je baisse les yeux vers mes pieds et joue avec mes orteils un instant avant de lui adresser un sourire.

— Bien vu, Sherlock !

— Ne va pas t'abîmer ces jolis petits pieds, plaisante-t-il avant de me soulever dans ses bras.

Il m'installe sur l'un des fauteuils de l'accueil et me tend un sac à dos. Puis, il en profite pour enfin poser la question qui semble lui brûler les lèvres.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant