• CHAPITRE CINQUANTE DEUX •

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— A —

* Ce chapitre ayant été découpé afin d'intégrer le point de vue de Hayden dans le prochain, je vous conseille de ne pas regarder les commentaires avant la fin de votre lecture ;)

Les coups s'intensifient quelques minutes avant de finalement cesser. Je tourne la tête vers Stella, mais elle semble perdue dans ses pensées, loin d'ici. Je préfère donc ne rien dire. Le silence qui nous enveloppe est tellement fragile que je crains que Monsieur bleu acier ne revienne armé d'une tronçonneuse pour faire céder cette porte.

— Sais-tu ce que c'est que le T.E.I ? demande-t-elle brusquement d'une voix lointaine.

— Non, pourquoi ?

Je me maudis d'avoir ouvert la bouche pour parler. La douleur dans mon visage est insupportable. Je presse fermement le mouchoir contre mon Arcade pour combattre le mal par le mal. Stella se tourne vers moi et me fixe un moment avec le regard franc caractéristique des Reed. Puis elle se lève pour se verser un verre. Elle m'en propose un autre que je décide de refuser. Je ne compte pas ajouter la gueule de bois à mon état.

— Le T.E.I est une abréviation pour une maladie mentale connue sous le nom de trouble explosif intermittent, explique-t-elle en se rasseyant.

Je ne comprends pas où elle veut en venir, mais je fais de mon mieux pour me concentrer pleinement sur la conversation malgré la douleur.

— Hayden a été diagnostiqué à l'âge de onze ans, poursuit-elle d'un ton froid.

Malgré la brume dans laquelle je suis, je mesure combien cette confession doit lui couter. Je ne sais pas vraiment de quoi il en retourne, mais la brutalité du nom de cette maladie est assez explicite. Elle ne dit rien de plus et se plonge de nouveau dans un mutisme dérangeant. Il est peu probable qu'elle m'en dise plus et à en juger par son expression, elle semble même déjà regretter cette confidence.
Un coup bref sur la porte me fait sursauter. « C'est le Docteur Sullivan, Mademoiselle Reed », annonce une voix de l'autre côté. Stella s'approche avec méfiance et ouvre la porte doucement. Ses épaules s'affaissent mollement lorsqu'elle réalise que son frère n'est pas là et elle se décale pour laisser entrer un homme d'un certain âge, portant une mallette bien plus imposante que lui.

— J'étais en route pour venir participer aux festivités. Dieu soit loué, j'emporte toujours avec moi...

La bouche du médecin forme un rond parfait lorsqu'il m'aperçoit. Je dois avoir vraiment une tête épouvantable. Stella s'apprête à refermer la porte derrière elle, mais Monsieur bleu acier surgit de nulle part et force le passage d'un mouvement de jambe. Son regard parcourt la pièce avant de se poser sur moi. Même si j'y lis un regret immense, cela ne me fait ni chaud ni froid.

— Hayden, tu n'es pas le bienvenu ici, déclare Stella d'un ton ferme.

— Toi ! s'exclame-t-il seulement en la pointant du doigt.

Le médecin tente de le calmer en posant une main sur son bras, mais il la repousse violemment. Pendant ce qui semble une éternité, il reste planté là, les yeux braqués sur sa sœur, puis il finit par se détourner pour s'agenouiller devant moi.

— Angelina.

— Hay...

— Nous partons, décrète-t-il.

Je suis stupéfaite. Ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Une rage sourde monte en moi et j'agrippe le mouchoir maculé de sang que je froisse brutalement devant ses yeux.

— Un simple « je suis désolé Angy » aurait suffit ! Mais non, bien sûr que non... Il faut que tu sois détestable jusqu'au bout !

— Angelina... tente-t-il.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant