• CHAPITRE QUATRE-VINGT-DIX-HUIT •

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– A –

Lorsque j'arrive dans le salon, Hayden n'est pas là. En un battement de cœur, je devine l'endroit où il a trouvé refuge et je le rejoins sur la terrasse. Même si la pluie a cessé, je suis accueilli par une petite brise et je comprends pourquoi il a ressenti le besoin de prendre l'air.

Hayden a raison. J'ai été une emmerdeuse de première avec lui dès le départ et je suis en très grande partie responsable de la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui. Moi, mes accusations incessantes et mes reproches continuels, nous avons clairement contribué à ce tumulte émotionnel. Rétrospectivement, je réalise qu'il a toujours pris ses responsabilités, alors que je me contentais de le blâmer sans cesse sans me remettre une seule fois en question.

De dos sur la terrasse, il semble porter le poids du monde sur ses épaules tendues. Je laisse le silence s'étirer entre nous alors que je l'observe attentivement. Sa beauté sauvage et la profondeur de ses yeux m'ont toujours fasciné, mais en cet instant, je prends conscience que c'est son charisme et l'aura qu'il dégage qui m'ont attirée. Ce n'est ni sa richesse, ni son statut social, ni son charme qui le définissent. C'est cette dualité intrinsèque en lui. Je ne suis pas seulement tombée amoureuse de Jekyll, je suis aussi tombée amoureuse de Hyde. Peut-être a-t-il été maladroit parfois, mais il est vrai que plus d'une fois je l'ai condamné bien trop rapidement. Bien que souvent, il ait exprimé de manière abrupte ses attentes, au moins, il était authentique dans ses paroles et je ne peux pas en dire autant pour ma part. Même lorsque ses premières paroles ne faisaient référence qu'à des plaisirs charnels, j'aurais dû être assez ouverte pour percevoir la complexité sous-jacente. Nous nous sommes mutuellement causé du tort à chaque étape de notre parcours et il est clairement temps de réparer tout ça.

Il me présente son profil et je sens qu'un sourire en coin se dessine sur mes lèvres. Bien évidemment, il était conscient de ma présence dès le premier pas que j'ai posé sur cette terrasse. Je le rejoins donc et je m'accoude à la rambarde à ses côtés. La proximité est telle que la chaleur qui émane de son corps m'enveloppe doucement.

— Hayden, je chuchote malgré le vent qui siffle autour de nous.

— Angelina, m'imite-t-il.

— Tu as raison.

— Comment bien souvent, mais pourrais-tu m'éclairer davantage sur cette prise de conscience ?

Sa réponse éveille en moi l'envie de ricaner. Il est encore plus insupportable que moi ! S'en rend-il seulement compte ?

— Et moi qui pensais, suite à ta menace, que ce moment était solennel.

— En quoi t'ai-je menacé ? demande-t-il en braquant vivement ses yeux sur moi.

— Peut-être pas une menace, mais un ultimatum alors.

— Oui, c'en était un. Effectivement. Et à ce propos, as-tu une réponse à me donner ?

— Oui, j'en ai bien une. Elle n'est peut-être pas aussi profonde que la confession que tu m'as faite, mais j'en ai une.

— Et que faut-il que je fasse pour que tu m'honores de ta réponse ?

Je prends une grande inspiration et lui livre la chose qui me semble la plus sensée.

— Que tu me pardonnes.

Ses sourcils se froncent alors que la confusion prend le contrôle du moindre trait de son visage. Je lève la main pour effacer la ride qui s'est formée entre ses sourcils.

— Je n'aurais pas dû m'enfuir à l'autre bout du monde. Tu avais raison sur ce point.

— Je...

Ma main glisse jusqu'à sa bouche et je pose un index sur ses lèvres.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant