• CHAPITRE TRENTE NEUF •

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— A —

Je m'éveille en sursaut en entendant frapper à la porte de la chambre. Par réflexe, je me saisis de mon téléphone pour faire de la lumière, mais c'est inutile puisqu'il est éteint depuis des jours maintenant. Je me demande qui cela peut bien être. Avant que la batterie ne se vide, j'ai dit aux garçons et à Kris que j'avais besoin de m'isoler quelque temps. Je sais qu'ils ne sont pas stupides et qu'ils ont rapidement fait le lien avec mon audition, mais ils ont eu la délicatesse de ne pas réclamer plus d'informations.

— Angelina, gronde la voix familière de Monsieur bleu acier lorsque j'ouvre enfin la porte.

— Hayden ? je m'exclame, complètement surprise.

Un peu comme s'il était chez lui, il entre dans la chambre sans même demander la permission. La pièce est plongée dans la pénombre, alors j'allume le plafonnier et je dois battre plusieurs fois des paupières avant d'y voir plus clair. Peut-être est-ce la fatigue, mais son regard est si sombre que j'ai l'impression qu'il pourrait me tuer rien qu'en me contemplant ainsi.

— Où étais-tu passé ? s'emporte-t-il.

— Juste ici, comme tu peux le constater, je rétorque en essayant de garder mon calme.

— Pourquoi as-tu disparu de la sorte ?

Je m'apprête à lui répondre, mais malgré le brouillard dans lequel je suis plongée depuis des jours, quelque chose me tracasse.

— Comment m'as-tu retrouvé ?

— Ce n'est pas la question ! réplique-t-il avec froideur, son regard fixé dangereusement sur moi.

Je blêmis, réalisant soudainement la gravité de la situation. La colère sourde qui s'empare de moi fait trembler mes mains et je le bouscule violemment pour mettre de la distance entre nous. Même si je me sens étourdie à force d'avoir trop pleuré ces derniers jours, s'il souhaite hurler, nous allons hurler ensemble.

— Si ça l'est !

— Ne commence pas Angelina ! Je suis passablement agacé de cette soirée !

— Je t'ai demandé quelque chose !

— Moi également, gronde-t-il, sa voix emplie de frustration.

— Qui es-tu au juste ? Un taré de psychopathe ?

Je me rends compte que mes mots sont durs et que je vais trop loin, mais je ne peux plus m'arrêter. Je suis furieuse contre lui, furieuse contre moi-même, furieuse contre le monde entier en cet instant précis.

— Comment oses-tu ? me sermonne-t-il.

— Ma question est pourtant simple. Comment m'as-tu...

— Tu ne souhaites pas le savoir, me coupe-t-il sèchement.

— Pardon ? je répète, choquée par sa réaction.

— J'étais inquiet, se contente-t-il de me répondre.

— C'est la seule excuse qui te vient ? je crie plus que je ne demande, ma frustration atteignant son paroxysme.

— Me reproches-tu vraiment de m'inquiéter pour toi ?

— Plutôt de m'espionner ! Tu ne réalises pas à quel point c'est malsain ? À quel point cette réaction est démesurée ? Même mes propres amis n'ont pas eu l'indécence de venir jusqu'ici.

— Je ne t'espionne pas et ensuite, j'emmerde tes amis et les convenances au passage, réplique-t-il d'un ton acerbe.

La violence de ses propos me laisse sans voix. Les mots restent bloqués dans ma gorge tandis que je le fixe, totalement ulcérée.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant