• CHAPITRE TRENTE •

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— A —

Il ne me reste que quelques jours avant la date fatidique. Je travaille d'arrache-pied pour que tout soit parfait et je ne peux me permettre aucune distraction jusque là. Ce n'est donc pas plus mal que Monsieur bleu acier et moi n'ayons eu aucun contact depuis sa visite au restaurant. S'il compte sur moi pour faire un pas dans sa direction, eh bien, il peut encore attendre longtemps. Grâce à l'appel de la vipère, j'ai pris ma décision. J'ai relayé cette histoire au rang d'une simple récréation dans mon quotidien et maintenant qu'elle est terminée je peux me recentrer sur moi. Je ne supporterai pas de vivre avec des regrets pour le restant de ma vie si je ne donne pas tout ce que j'ai au fond de mes entrailles dans quelques jours.

***

White Dream. L'un des événements les plus prisés de cette ville et bien évidemment il est organisé au sein du Convivium. La liste d'attente s'ouvre près d'un an à l'avance et même si le spectacle est toujours assuré par les personnalités les plus en vogue, le coût du ticket magique pour y assister reste exorbitant à mes yeux. Les clients quant à eux ne semblent pas le moins du monde découragés à voir la vitesse avec laquelle les billets se vendent et se revendent.
Ce soir, il n'y a qu'une seule règle pour les participants, être vêtu de blanc. Une teinte qui est loin d'être flatteuse sur moi et que je ne trouve absolument pas commode pour faire le service. J'ai donc opté pour un tailleur dont la coupe du pantalon me laisse toute liberté de mouvement et Stephen m'a autorisée à ne pas porter de talons à titre exceptionnel. Même si j'ai encore en travers de la gorge le dernier événement en date avec Jamie, je lui en suis reconnaissante. Je ne peux pas prendre le risque de me fouler une cheville à quelques jours de l'une des prestations les plus importantes de ma vie.
La température doit maintenant avoisiner celle du palier de l'enfer le plus proche du centre de la Terre. L'ambiance est tellement survoltée que je dois faire tomber la veste et attacher mes cheveux. Je transpire alors que je n'ai pas mis un seul orteil sur la piste. Comment font mes collègues pour assurer le service avec des robes aussi près du corps ? Pour ma part, j'ai l'impression d'étouffer dans ma tenue.
La foule de ce soir n'est en rien comparable à celle du réveillon. Elle est bien plus considérable. Nos tablettes et celles des extras n'ont aucun repos depuis le coup d'envoi de cette soirée. J'enchaîne les cocktails sans trop m'attarder sur les courbatures que j'aurai demain matin et je rêve du moment où j'irai récupérer mes affaires dans le vestiaire pour rentrer me coucher. Certaines des femmes présentes ont joué le jeu jusqu'au bout et se promènent avec des ailes d'anges immenses tandis que d'autres, telles des princesses, portent des couronnes. La plupart des hommes sont vêtus de pantalons clairs et de hauts blancs. Seule une infime poignée d'entre eux a osé le costume neigeux. Ce qui est d'une faute de goût sans nom par ailleurs. Alors que je scanne la foule à la chercher de la tenue la plus étrange, j'aperçois une tête que je connais. Amusée, je la regarde jouer des coudes pour s'approcher de l'endroit du bar qui est le mien pour la soirée.

— Salut ! s'époumone-t-elle une fois à mon niveau.

Je me penche rapidement au-dessus du comptoir pour la serrer dans mes bras.

— Jessy ! Que fais-tu ici ? je hurle.

— Ma cousine Avery est de passage ! J'en profite pour lui faire découvrir le meilleur club de la ville !

Elle ponctue sa réponse par un signe de tête en direction d'une femme blonde non loin derrière elle. Je suis immédiatement subjuguée par sa beauté quasi céleste et je dois cligner plusieurs fois des yeux pour m'assurer qu'elle est bien réelle.

— Avery, Angel. Angel, Avery ! crie Jessy pour nous présenter lorsque sa cousine s'accoude à son tour.

Je lui tends une main qu'elle accepte avec un immense sourire et elle m'est d'emblée sympathique.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant